Le Conseil fédéral a adopté mercredi sa position face à la demande de Mahmoud Abbas d'élever le statut de la Palestine à l'ONU. Selon des informations de la RTS, Berne va soutenir cette démarche. Mais le gouvernement ne souhaite rendre sa position publique que la semaine prochaine, a annoncé son porte-parole André Simonazzi. Le gouvernement veut encore en référer à la commission de politique extérieure du Conseil des Etats, a précisé le vice-chancelier.
Requête déposée le 29 novembre
Le président palestinien Mahmoud Abbas souhaite une reconnaissance de la Palestine comme Etat observateur et non membre des Nations Unies. Il déposera sa requête le 29 novembre. Jeudi dernier, il est ainsi venu chercher à Berne le soutien helvétique à sa démarche.
A l'occasion de cette rencontre, le ministre des Affaires étrangères Didier Burkhalter a alors affirmé que "la résolution contient beaucoup d'éléments constructifs et pragmatiques" et que "la Suisse est en accord avec de nombreux points".
Pour le chef de la diplomatie, il n'était pas imaginable que le Conseil fédéral se prononce contre. La Suisse soutiendra la démarche palestinienne ou s'abstiendra, selon lui. Il faudra aussi se demander à quel niveau une approbation pourrait mettre en péril le processus de paix, avait noté Didier Burkhalter.
La commission du National avait déjà accepté
La commission de politique extérieure du Conseil national a déjà pris position. Mardi, une majorité (13 voix contre 9) a recommandé au Conseil fédéral de se ranger derrière la démarche palestinienne. Selon elle, ce soutien s'inscrirait dans la continuité de la politique menée jusqu'ici par la Suisse et n'équivaut pas à une reconnaissance de l'État palestinien par Berne. La minorité préférerait que la Suisse s'abstienne, pour se conformer à sa tradition de neutralité.
Vu qu'il n'y a pas de droit de veto à l'Assemblée générale des Nations unies, la résolution a de bonnes chances d'être adoptée. Les Etats-Unis et Israël y sont hostiles, estimant que la création d'un Etat palestinien dépend du processus de paix.
Il y a un an, Mahmoud Abbas a déposé une demande d'adhésion de la Palestine en tant qu'État membre de l'ONU. Mais sa démarche n'a pas abouti. Le comité des admissions n'a pas pu transmettre de recommandation unanime au Conseil de sécurité. La demande palestinienne n'aurait de toute façon pas pu franchir l'étape de ce conseil, Washington ayant annoncé son veto.
Ron Hochuli/nr/jzim
Le statut d'observateur permanent à l'ONU
L'ONU accorde à certains Etats ou organisations un statut différent que celui d'Etat membre. Cette position relève de l'usage car aucun texte ne le régit. Les Nations unies acceptent d'octroyer ce statut spécial depuis 1946, lorsque le secrétaire général de l'époque l'a accordé à la Suisse.
Les observateurs permanents ont le droit d’assister à la plupart des réunions et d’en consulter la documentation. De nombreux organismes régionaux et internationaux ont également le statut d’observateurs dans les travaux et les réunions annuelles de l’Assemblée générale. Il ne donne pas le droit de vote.
Quelques exemples: la Suisse, qui est finalement devenue membre il y a dix ans, l'Autriche, la Finlande, l'Italie ou le Japon ont été des observateurs permanents avant de devenir des Etats membres. Actuellement, seul le Vatican a le statut d'observateur permanent.
La Palestine dispose d'une représentation aux Nations unies et peut assister aux travaux de l'Assemblée générale. Elle n'est pas considérée comme un Etat observateur mais comme une entité.
Le PLR derrière son ministre
Le groupe PLR aux Chambres fédérales était en faveur d'une abstention du Conseil fédéral. Selon les parlementaires contactés par la RTS jeudi, le parti ne compte cependant pas se désolidariser de son ministre. Le dossier israélo-palestinien n'est pas une des préoccupations principales du PLR, mais à ce stade on ne sait pas encore si le comité directeur abordera ce thème lundi 26 novembre lors de sa réunion.