Berne soutiendra la Palestine jeudi à l'ONU. Le ministre des affaires étrangères Didier Burkhalter a rendu officiellement publique mercredi la décision du Conseil fédéral devant la presse. La Suisse appuiera donc jeudi l'octroi à l'Autorité palestinienne du statut d'Etat observateur non membre de l'ONU.
Il ne s'agit pas du tout de prendre partie pour un Etat plutôt que l'autre, mais uniquement de tenter de donner une chance supplémentaire au processus de paix, à savoir une chance d'une solution durable à deux Etats indépendants. Le Conseil fédéral accompagnera sa position d'une déclaration dans ce sens, a précisé le Neuchâtelois.
La commission des Etats pas d'accord
Quasiment en même temps, la commission compétente du Conseil des Etats avait annoncé qu'elle recommandait l'abstention lors du vote de jeudi. Elle a pris sa par 8 voix contre 5, après avoir entendu Didier Burkhalter, a dit devant les médias son président Hannes Germann (UDC/SH). Cette décision montre l'indépendance du Parlement, a-t-il ajouté, précisant que le Conseil fédéral était seul compétent.
Les commissions de politique extérieure des deux Chambres ne sont donc pas d'accord sur la position de la Suisse, puisque les représentants du National avaient soutenu la demande d'octroi du nouveau statut à la Palestine par 13 voix contre 9 la semaine dernière.
L'argument qui la emporté à la commission de politique extérieure du Conseil des Etats est celui de la stricte neutralité de la Suisse. En s'abstenant jeudi sur la demande de l'Autorité palestinienne, Berne conserve une position qui pourrait lui permettre de proposer ses bons offices dans le processus de paix, a fait valoir le président de la commission.
Les associations de soutien saluent la décision
Le Groupe parlementaire Proche-Orient et l'Association Suisse-Palestine saluent la décision du Conseil fédéral de soutenir le projet de résolution visant à accorder à la Palestine le statut d'Etat observateur à l'ONU. Ils estiment que la Suisse suit ainsi une politique cohérente.
Pour Carlo Sommaruga (PS/GE), président du Groupe parlementaire Proche-Orient, le Conseil fédéral a pris une décision "cohérente et logique". Il a tenu à rappeler que "la solution des deux Etats est la seule voie possible pour une paix juste et durable".
L'Association Suisse-Palestine estime elle aussi que la décision du Conseil fédéral est logique. "Elle suit la politique d'ouverture que la Suisse mène depuis des années vis-à-vis de la situation au Proche-Orient", a expliqué à son président Daniel Vischer (Verts/ZH).
Le projet palestinien devrait recevoir le soutien de la majorité des 193 Etats membres de l'ONU.
ats/afp/boi
L'Association Suisse-Israël dénonce
Cela va à l'encontre de l'attitude affichée jusqu'ici par la Suisse, selon la présidente de l'ASI Corina Eichenberger-Whalter (PLR/AG). Depuis les accords d'Oslo de 1993, le Conseil fédéral a toujours défendu la position qui prévoit que toutes les questions en suspens soient réglées par des négociations directes entre les parties.
Or, la demande de l'Autorité palestinienne auprès de l'ONU est une approche unilatérale, a indiqué mercredi la conseillère nationale argovienne.
De plus, selon elle, le Conseil fédéral semble croire que le président palestinien Mahmoud Abbas est le représentant de l'ensemble des Palestiniens. Mais les Palestiniens sont divisés entre eux, observe-t-elle. De ce fait, le soutien du Conseil fédéral n'est "certainement pas propice" pour le processus de paix.
Une reconnaissance de l'Etat de Palestine sera difficile tant que le Hamas continuera de tirer des roquettes en direction d'Israël, a ajouté Mme Eichenberger-Whalter. Selon elle, le Hamas est une organisation terroriste qui n'a pas encore prouvé qu'elle pouvait tenir parole.
Les prises de position en bref
Pour un statut rehaussé
Autriche, Danemark, Espagne, France, Norvège, Suisse, Turquie, Russie, Finlande (sauf accord unanime de l'UE pour faire autrement).
La France a déclaré mardi qu'elle voterait oui "par souci de cohérence, réaffirmant que "la position constante de la France a été de reconnaître l'Etat palestinien".
L'Espagne estime que "c'est la solution la plus adéquate pour nous rapprocher de la paix".
Opposés à un nouveau statut
Etats-Unis, Israël, Allemagne, Canada.
La porte-parole du département d'Etat américain, Victoria Nuland, a rappelé mardi que Washington était opposé "à toute prise de position à l'Assemblée générale qui rendrait la situation encore plus compliquée".
Les Etats-Unis et Israël ont également brandi la menace de mesures de rétorsion.
Abstentions
Grande-Bretagne, Lituanie.