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Laurent Ségalat, jugé en appel, sera fixé sur son sort vendredi

Laurent Ségalat s'est montré souriant à son procès en appel. [KEYSTONE - Laurent Gillieron]
Laurent Ségalat s'est montré souriant à son procès en appel. - [KEYSTONE - Laurent Gillieron]
Le procès en appel de Laurent Ségalat s'est tenu jeudi à Lausanne. L'accusation et la défense ont fait valoir leurs arguments, avant que la Cour ne se retire pour délibérer. Le généticien français était présent et s'est engagé à revenir pour la lecture du verdict vendredi à 16h.

Sept mois après son acquittement, Laurent Ségalat est jugé devant la Cour d'appel du canton de Vaud à Lausanne pour le meurtre de sa belle-mère Catherine Ségalat en 2010. Comme en première instance, le procureur Eric Cottier a requis 16 ans de prison contre l'accusé, alors que la défense a demandé un acquittement "définitif".

Cette journée d'audience n'a pas apporté de faits nouveaux mais a été consacrée aux arguments de l'accusation et de la défense. Après les plaidoiries, la Cour est entrée en délibération. Elle communiquera son verdict vendredi à 16h.

L'accusé s'engage à venir vendredi

L'inconnue du jour résidait dans la venue ou non de Laurent Ségalat au procès. Le généticien avait demandé et obtenu un sauf-conduit pour jeudi (un document qui empêche toute arrestation) mais pas pour vendredi. L'accusé a finalement fait acte de présence.

Devant une salle comble, le procureur Cottier a demandé à la Cour une arrestation immédiate de l'accusé en cas de condamnation. "Le risque de fuite est très concret". Puis il s'est adressé au généticien: "Serez-vous présent demain?". "Oui j'en ai l'intention", a répondu l'accusé.

La question du mobile inconnu

Durant son réquisitoire, le Ministère public s'est attaché à convaincre les juges qu'une condamnation pouvait intervenir même si le mobile restait  inconnu. "La vérité, c'est que Laurent Ségalat est le meurtrier. Nous ne saurons jamais quel est son mobile. C'est gênant pour l'esprit mais il n'y a pas besoin de mobile pour une condamnation", a fait valoir le procureur Cottier. Au terme de son réquisitoire, le magistrat a requis 16 ans de prison, comme en première instance.

La parole est ensuite passée à Me Barillon, qui représente la famille de la victime. L'avocat a dépeint Laurent Ségalat comme "le roi de l'intox et de l'enfumade". Il a souligné que le fait de ne pas connaître le mobile ne signifie pas qu'il n'y en ait pas.

Un acquittement "définitif"

Après une brève suspension d'audience, les avocats de la défense se sont succédé pour leur plaidoirie. Me Moinat a tenté de prouver que le mobile était inexistant. Me Portejoie a repris point par point les "certitudes et les certitudes d'impossibilité" du dossier: l'absence de mobile, l'absence d'arme, l'impossibilité du timing,... "Je termine en vous demandant d'acquitter Laurent Ségalat, de l'acquitter une 2e fois, de l'acquitter définitivement", a conclu Me Portejoie.       

Dans l'après-midi, Me Disch, le troisième défenseur de l'accusé, est entré dans des constatations très techniques sur les traces de sang, le bol gastrique de la victime et le profil psychologique de Laurent Ségalat. "Je vous mets au défi de montrer que cet homme désespérément normal" a pu tuer, a martelé l'avocat.

"Sur la tombe de mes parents"

Avant de clore les débats, la parole a été donnée à l'accusé. "La seule chose que j'ai à dire, c'est que je n'ai pas encore pu aller sur la tombe de mes parents. J'espère pouvoir le faire bientôt", a déclaré Laurent Ségalat, dont les parents sont enterrés en Suisse.

La Cour a ensuite clos l'audience pour entrer en délibération. Le verdict sera communiqué vendredi à 16h.

Procès Ségalat: le suivi en direct sur Twitter:

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Cécile Rais, Lausanne

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Les principales déclarations du jour

Laurent Ségalat:

"Aujourd'hui, je n'ai plus tout à fait le même poste au CNRS. Vous savez, deux ans d'absence, ça change les choses".

"Je n'ai pas encore pu aller sur la tombe de mes parents [enterrés en Suisse]. J'espère pouvoir le faire bientôt".

Le procureur Cottier:

"Je demande l'arrestation immédiate de l'accusé en cas de condamnation. Le risque de fuite [de l'accusé] est très concret dans cette affaire".

A Laurent Ségalat: "Est-ce que vous serez présent demain à 16h?". "Oui, j'en ai l'intention", répond l'accusé.

"Le vil assassin inconnu rôde en toute liberté alors que le piège se referme sur l'innocent et gentil Laurent Ségalat".

Aux juges: "Vous ne connaîtrez pas le mobile. C'est gênant pour l'esprit mais il n'y a pas besoin de mobile pour une condamnation".

Me Barillon (accusation):

"Laurent Ségalat est un enfumeur. Il pourrait vendre du sable au meilleur des négociants arabes".

"Vous avez massacré votre victime, Monsieur Ségalat. [...] Personne n'a le moindre doute sur votre culpabilité".

Me Portejoie (défense):

"Ce n'est pas possible, ce n'est pas Laurent Ségalat, c'est impossible que ce soit lui".

Au procureur: "Votre réquisitoire est bâti sur le sable. Vous n'avez pas d'éléments concrets".

Aux juges: "Je termine en vous demandant d'acquitter Laurent Ségalat, de l'acquitter une 2e fois, de l'acquitter définitivement".

Me Disch (défense):

"Deux analyses psychologiques arrivent aux mêmes conclusions. Le profil psychologique de Laurent est identique à celui de deux millions de Suisses".

"Je vous mets au défi de montrer que cet homme désespérément normal" a pu tuer.

Me Moinat (défense):

"Le Ministère public n'a pu apporter le moindre mobile".

Acquitté en première instance

Lors du procès en première instance qui s'est tenu en juin à Renens (VD), Laurent Ségalat avait été acquitté du meurtre de sa belle-mère alors que le parquet avait requis 16 ans de prison.

Le 9 janvier 2010, Catherine Ségalat, alors âgée de 67 ans, avait été retrouvée sans vie au pied de l'escalier de sa maison de Vaux-sur-Morges.

Le procès de juin avait laissé la plupart des questions sans réponses malgré sept jours d'audience, avec un acquittement au bénéfice "d'un doute suffisant".

Laurent Ségalat, 48 ans, a toujours clamé son innocence. En première instance, il a affirmé ne plus se souvenir de ses faits et gestes durant la soirée fatale.