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Laurent Ségalat condamné en appel à 16 ans de prison

Laurent Ségalat lors de son procès à Lausanne en 2012. [Laurent Gillieron]
Laurent Ségalat était présent à l'audience jeudi... mais pas vendredi. - [Laurent Gillieron]
Coup de théâtre vendredi à la cour d'appel du canton de Vaud: Laurent Ségalat a été reconnu coupable du meurtre de sa belle-mère au terme de son procès en appel. Absent à la lecture du verdict, le généticien français écope de 16 ans de prison. Ses avocats ont annoncé qu'ils feraient appel.

Lors de la lecture du verdict vendredi après-midi, la Cour d'appel du canton de Vaud a reconnu Laurent Ségalat coupable du meurtre de sa belle-mère Catherine Ségalat, le 9 janvier 2010 à Vaux-sur-Morges.

Six mois après avoir été acquitté en première instance, le généticien français a été condamné à 16 ans de prison (dont seront déduites les années déjà passées en prison), un verdict conforme aux réquisitions du Ministère public.

Laurent Ségalat absent

Laurent Ségalat n'était pas présent vendredi pour la lecture de son jugement, alors qu'il avait assuré jeudi, au premier jour du procès en appel, qu'il assisterait au verdict.

Contrairement à jeudi, le généticien ne bénéficiait pas pour cette journée de sauf-conduit (un document lui garantissant de ne pas être arrêté).

Dès l'ouverture de l'audience, le juge a relevé l'absence de Laurent Ségalat. "Il n'est pas nécessaire de l'attendre, n'est-ce pas?". Le magistrat a commencé dans la foulée la lecture du verdict. "C'est à juste titre que les soupçons se sont portés sur Laurent Ségalat", a estimé le juge. Lors de la soirée fatale, "l'accusé a nettoyé la scène de crime et s'est changé".

Sa compagne quitte la salle en courant

"La Cour a été frappée par les cicatrices de griffures sur le visage de Laurent Ségalat," a-t-il ajouté. Comprenant qu'un jugement de culpabilité se profilait, la compagne de Laurent Ségalat s'est alors levée d'un bond et a quitté la salle en claquant la porte.

"En réalité, Laurent Ségalat s'est lavé, s'est changé et a nettoyé la scène du crime avant d'appeler les secours", a poursuivi le juge, avant de marteler: "Il n'existe aucun doute raisonnable: Laurent Ségalat est bien l'auteur de l'agression de Catherine Ségalat" et ce, malgré l'absence de mobile et d'arme.

"Acharnement contre la victime"

Les juges ont alors rendu leur verdict: Laurent Ségalat a été reconnu coupable du meurtre de Catherine Ségalat et a été condamné à 16 ans de privation de liberté. Il a aussi été condamné à verser des dommages aux proches de Catherine Ségalat. L'accusé a fait preuve d'"acharnement" quand il frappait sa victime et la culpabilité est "très lourde".

La Cour a émis un arrêté d'emprisonnement immédiat pour Laurent Ségalat. "Le placement en détention doit être effectué immédiatement en raison du risque de fuite", a expliqué le juge, malgré l'absence du principal intéressé.

Les filles du scientifique français ont paru sous le choc de la condamnation et ont été vues en pleurs à la sortie du tribunal. "C'est absurde, ils ont été payés, ces juges", a dit l'une d'elles. L'auditoire semblait également abasourdi.

La défense fera appel

"Nous avons aujourd'hui le jugement que nous attendions en juin [lors de la première instance]", a réagi le procureur Eric Cottier en quittant l'audience. Me Barillon, avocat des proches de Catherine Ségalat, a estimé qu'une "très grande oeuvre de justice" avait été rendue.

De son côté, l'avocat de la défense Me Portejoie s'est dit "très déçu". "Trente mois d'enquête n'auront servi à rien". Il a annoncé son intention de faire appel. Interrogé sur l'absence de leur client, Me Disch a affirmé: "L'absence de Laurent Ségalat n'a absolument rien à voir avec un aveu de culpabilité".

Laurent Ségalat était accusé du meurtre de Catherine Ségalat, le 9 janvier 2010 à Vaux-sur-Morges (VD). Catherine Ségalat avait été retrouvée sans vie au pied de l'escalier de sa maison. Immédiatement soupçonné, Laurent Ségalat a toujours clamé son innocence et affirmet ne plus se souvenir de ses faits et gestes durant la soirée fatale.

A lire également, le résumé de la première journée du procès: Laurent Ségalat, jugé en appel à Lausanne, sera fixé sur son sort vendredi

Cécile Rais, Lausanne, avec Pauline Turuban.

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Que va-t-il se passer maintenant?

La défense va certainement faire recours auprès du Tribunal fédéral. Ce recours a d'habitude un effet suspensif sur la condamnation.

Mais le risque de fuite ayant été considéré comme important dans cette affaire, l'effet suspensif ne tient pas, a expliqué le procureur Cottier au terme de l'audience.

Jeudi, ce dernier avait demandé l'arrestation immédiate de Laurent Ségalat en cas de condamnation, soulignant le risque de fuite pour ce ressortissant français.

Pour rappel, la France n'extrade pas ses citoyens. Mais un mandat d'arrêt international va être lancé à la demande de la Suisse, ce qui empêcherait le généticien de quitter la France.

Dans le cas d'un recours de la défense auprès du Tribunal fédéral, ce mandat d'arrêt pourrait être révoqué, a encore précisé le procureur.

Les déclarations fortes de la journée

Le juge:

Constatant l'absence de Laurent Ségalat: "Il n'est pas nécessaire de l'attendre, n'est-ce pas?".

"Il n'existe aucun doute raisonnable: Laurent Ségalat est bien l'auteur de l'agression de Catherine Ségalat. [...] L'absence de mobile et d'arme n'empêche pas la Cour de juger que Laurent Ségalat est l'auteur de l'agression".

"Laurent Ségalat a fait preuve d'acharnement contre la victime. La culpabilité est très lourde".

Une des filles de Laurent Ségalat:

"C'est absurde, ils ont été payés, ces juges".

Le procureur Cottier:

"Nous avons aujourd'hui le jugement que nous attendions en juin [en 1ère instance].

Me Barillon (accusation):

"C'est une très grande oeuvre de justice qui a été rendue aujourd'hui".

Me Portejoie (défense):

"Nous sommes très déçus par cette condamnation. Trente mois d'enquête n'auront servi à rien".

"Je n'ai aucune nouvelle de Laurent Ségalat depuis hier".

Me Disch (défense):

"L'absence de Laurent Ségalat n'a absolument rien à voir avec un aveu de culpabilité".

Acquitté en première instance

Lors du procès en première instance qui s'est tenu en juin à Renens (VD), Laurent Ségalat avait été acquitté du meurtre de sa belle-mère alors que le parquet avait requis 16 ans de prison.

Le 9 janvier 2010, Catherine Ségalat, alors âgée de 67 ans, avait été retrouvée sans vie au pied de l'escalier de sa maison de Vaux-sur-Morges.

Le procès de juin avait laissé la plupart des questions sans réponses malgré sept jours d'audience, avec un acquittement au bénéfice "d'un doute suffisant".

Laurent Ségalat, 48 ans, a toujours clamé son innocence. En première instance, il a affirmé ne plus se souvenir de ses faits et gestes durant la soirée fatale.