A trois mois des votations fédérales, les opposants à l'initiative populaire "contre les rémunérations abusives" montent déjà au créneau. Un comité inter-partis a appelé lundi à refuser ce texte le 3 mars prochain et à soutenir le contre-projet concocté par le Parlement.
Le comité "non à l'initiative Minder" réunit des politiciens PDC, PLR, PBD et Verts libéraux ainsi que des représentants isolés des Verts, du PS et de l'UDC. A leurs yeux, ce texte représente un "cas classique d'auto-goal pour la Suisse", car il menace toutes les entreprises et donc l'emploi, sans toutefois empêcher le versement de salaires ou de bonus excessifs. L'UDC ne rendra son mot d'ordre que le 26 janvier.
"Accepter l'initiative reviendrait à se tirer une balle dans le pied", a martelé le conseiller national Gerhard Pfister (PDC/ZG) lors d'une conférence de presse à Berne. Pour lui, le texte "enferme les entreprises suisses dans un carcan réglementaire sans pareil au monde en les assujettissant à 24 exigences extrêmes".
Salaires et bonus indus oubliés
Ces dispositions cimenteraient le droit de la société anonyme dans la constitution. L'initiative porte en elle le "germe bureaucratique, qui une fois développé touchera toutes les entreprises", même celles qui ne sont pas cotées en bourse, a renchéri son collègue Jean-François Rime (UDC/FR).
Pour garantir des salaires équitables, la transparence doit être assurée. L'initiative ne contient que de vagues déclarations à ce sujet, alors que le contre-projet instaure un règlement de rémunération et l'obligation de rapporter chaque année. Autre aspect oublié dans l'initiative: la restitution des salaires et des bonus perçus indûment.
Le contre-projet propose un système efficace: pour engager une action en restitution, il suffira de constater une disproportion manifeste entre les performances de la société et la contre-prestation, a noté la conseillère aux Etats Karin Keller-Sutter (PLR/SG).
Le comité de parlementaires a fustigé encore la mise sous tutelle des actionnaires ou l'obligation "insensée" faite aux caisses de pension de voter à chaque assemblée.
ats/olhor
Soutien d'economiesuisse
Le comité inter-partis pourra compter sur le soutien financier des milieux économiques, prêts à sortir les grands moyens pour couler l'initiative.
L'organisation faîtière economiesuisse pourrait ainsi engager entre cinq et huit millions de francs.
Les chiffres précis seront déterminés au fil de la campagne et du risque d'acceptation de l'initiative, d'après M.Landolt.