La Suisse continue d'afficher l'un des taux de donneurs d'organes parmi les plus faibles d'Europe, a annoncé mercredi Swisstransplant. Conséquences: la liste des personnes en attente de greffes s'allonge et près de 100 patients meurent chaque année en raison de cette pénurie.
L'organisme chargé par la Confédération d'organiser et coordonner toutes les activités relatives à l'attribution d'organes a longtemps expliqué ce déficit par le manque de communication avec les proches, près de 40% de la population n'ayant pas fait part de sa position sur le don d'organes. Lire aussi: Une personne en attente d'organe décède tous les trois jours
Manque de moyens
Au terme de la première étude nationale exhaustive pour déterminer le nombre de donneurs potentiels et évaluer pourquoi certains n'ont pas été pris en compte, Swisstransplant a confirmé un manque de moyens financiers qui se traduit par un déficit de personnel formé.
A cause du manque de personnel spécialisé dans les hôpitaux, de nombreux donneurs potentiels ne sont même pas recensés. De plus, le personnel médical n'est pas toujours assez au courant, notamment pour informer les proches.
Swisstransplant demande donc une meilleure formation et la garantie d'une formation continue du personnel, avec l'établissement de standards. Des directives sur le don d'organes devraient aussi exister dans tous les hôpitaux. Ces derniers, les services de soins intensifs notamment, ne sont en outre pas toujours suffisamment dotés en lits à disposition des donneurs d'organes.
ats/jgal
1000 personnes en attente
Plus de 1000 personnes sont actuellement en Suisse sur liste d'attente.
En 2011, 212 personnes (102 donneurs décédés et 110 donneurs vivants) ont fait don d'un ou de plusieurs organes.
Ils ont permis à 504 patients d'être transplantés, autant qu'en 2010.
Dans le même temps toutefois, 61 malades en attente d'une greffe sont décédés.
Consentement explicite ou présumé requis
La Suisse ne connaît pas le même système de consentement à prélever un organe que nombre de ses voisins. Dans ces pays, la loi prévoit le principe du consentement présumé, c'est-à-dire que tout le monde devrait être donneur d'organes par défaut, ceux qui refusent ayant l'obligation de le dire.
La pratique helvétique est au contraire basée sur le consentement explicite, soit du donneur de son vivant, soit de ses proches après son décès.
Certaines voix s'élèvent donc pour que la loi change, estimant que c'est là la raison de la différence, du simple au double, du nombre de donneurs entre la Suisse et des pays voisins comme la France, l'Italie ou l'Autriche.
La législation fédérale appelée à évoluer
La caisse-maladie Assura envisage ainsi de lancer une initiative populaire pour modifier les conditions du don d'organes en Suisse.
Les Chambres fédérales auront aussi à se pencher sur le dossier, au moins deux motions les y obligeant. Pour sa part, le Conseil fédéral s'est dit prêt à examiner diverses mesures, y compris le consentement présumé. Il n'a cependant pas caché son scepticisme. A ses yeux, les taux différents de dons d'organes ne peuvent pas s'expliquer par cet élément.
Une nouvelle loi sur la transplantation est entrée en vigueur il y a un peu plus de cinq ans, avec la création d'un système national d'attribution. Selon le directeur de Swisstransplant Franz Immer, elle a rendu le système sûr, tout abus étant quasi impossible. Des garanties qui n'ont apparemment pas suffi à augmenter le nombre de donneurs.
Un projet de révision, sur le bureau du Conseil fédéral, clarifie certaines dispositions. Globalement bien accueilli en consultation, il ne prévoit toutefois pas de changement fondamental de paradigme.