Selon des informations de l’agence de presse suédoise TT et la RTS, un nouveau lien apparaît entre l'opérateur TeliaSonera et Zeromax, une société zougoise. Une société close en 2010 et qui, selon des emails internes de TeliaSonera et des câbles diplomatiques, était sous le contrôle de Gulnara Karimov, la fille du dictateur tchétchène. Le rapport livré vendredi évoque le cas Zeromax.
En mai 2010, TeliaSonera acquiert en effet une licence 4G après un deal avec Zeromax. Un email entre deux cadres de l’opérateur suédois – désormais soupçonnés de corruption par la justice suédoise – en atteste comme a pu le lire l'agence TT. Problème, l’opérateur fait alors affaire avec une société en voie de liquidation. La Cour économique de Tachkent exige une cessation de ses activités en raison d’une dette qui frôle les 500 millions de dollars pour un bilan de plus de 3 milliards de dollars.
Recours au Tribunal fédéral
Installée dans le canton de Zoug, celle-ci passe en liquidation en octobre 2010 malgré un recours de certains créanciers devant le Tribunal fédéral qui prononcera la fin de Zeromax en mars 2011. Selon un article de L’Hebdo, elle laisse alors plus de 4 milliards de dollars de créances impayées. Des voix pointent une action souterraine de Gulnara Karimova pour liquider sa propre société et ses dettes.
D’après des sources proches de l’enquête, le Ministère public de la Confédération (MPC) s’intéresse au géant Zeromax et à ses multiples ramifications. Une société qui était active dans un nombre considérable de secteurs économiques. Du gaz au pétrole, en passant par la construction, le coton ou le football.
Limiers du MPC en action
Le lien entre TeliaSonera et Zeromax fait aussi l’objet d’une attention particulière par les limiers du MPC qui ont reçu l’aide du Parquet suédois dans cette affaire. Pour mémoire, la justice suisse a bloqué plusieurs centaines de millions de francs suisses dans le cadre de cette affaire de corruption et de blanchiment d’argent.
Quatre personnes sont prévenues dans ce dossier. Ce qui n’est pas le cas de Gulnara Karimova que tout désigne comme l’ultime bénéficiaire de ces arrangements financiers opaques. Résidente à Genève et ambassadrice aux Nations Unis pour son pays, cette dernière jouit d’une immunité diplomatique.
Contacté par TT, Lars Nyberg, le CEO de TeliaSonera a déclaré que le deal en question «avait été réalisé en large partie avant son arrivée à la tête de l’entreprise et qu’il n’en connaît pas les détails.»
Yves Steiner (avec Ola Westerberg)