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La décision de Daniel Vasella serait sans effet sur l'initiative Minder

L'initiative contre les salaires abusifs a remporté un franc succès auprès de la population. [Martial Trezzini]
Pour la classe politique suisse, le renoncement de Daniel Vasella à "ses" 72 millions n'inversera pas la tendance favorable à l'initiative Minder. - [Martial Trezzini]
Pour les politiques, la décision de Daniel Vasella de renoncer au 72 millions de francs de sa clause de non-concurrence ne changera rien au résultat du vote sur l'initiative Minder le 3 mars.

Le renoncement de Daniel Vasella à sa clause de non-concurrence ne devrait pas inverser la tendance qui est à 57% en faveur de l'initiative contre les salaires abusifs, de l'avis des partis politiques. Le président de Novartis a cédé aux pressions de la rue, selon la droite, à celles d'Economiesuisse, selon le Parti socialiste.

Pour le président du Parti démocrate-chrétien: "Les dégâts sont faits", constate Christophe Darbellay. Inverser la tendance en faveur de l'initiative contre les salaires abusifs sera très compliqué, précise le président du PDC.

Ses homologues de l'UDC, du PLR, du PS et du PBD ne croient pas non plus que ce retournement ait des conséquences sur la votation du 3 mars. La décision de  Daniel Vasella "n'aura pas de grosse influence sur le vote", se limite à répondre Toni Brunner, le président de l'UDC refusant pour le reste de commenter "une décision personnelle".

"Echec du système"

Le ministre de l'Economie, Johann Schneider-Ammann, n'a pas voulu s'exprimer mardi sur ce recul, alors qu'il avait jugé l'accord de la semaine passée "déplaisant". Davantage critique il y a quelques jours, sa collègue du Conseil fédéral en charge du Département de justice et police, Simonetta Sommaruga, estime que cette "réaction tardive ne change rien au fait que le conseil d'administration de Novartis avait approuvé un tel accord à 72 millions".

Le Parti libéral-radical et le Parti socialiste s'accordent à dire que cette affaire prouve l'échec du système actuel. Mais le président du PS milite pour l'initiative de Thomas Minder, alors que celui du PLR plaide en faveur du contre-projet indirect.

"Le peuple est déjà convaincu depuis longtemps de la nécessité de changer le système en place", selon Christian Levrat. Le président du PS souligne l'importance de mettre fin aux pratiques de ce qu'il nomme un "cartel de 200 à 300 personnes qui se servent librement dans la caisse de leur entreprise".

"Ce cas démontre qu'il est urgent d'agir pour réformer un système autorisant le versement d'enveloppes démesurées", renchérit Philipp Müller. "Nous devons à l'avenir éviter de nouveaux Vasella", ajoute le président du PLR qui considère comme insignifiant le fait que Daniel Vasella renonce à ses 72 millions ou les consacre à des dons. Selon lui, le mal est déjà fait.

Pression publique

Rejoints par Thomas Minder lui-même, tant le PLR que le PDC et le PBD imputent à la rue le renoncement de Daniel Vasella aux 72 millions prévus dans la clause de non-concurrence. La pression publique est simplement devenue trop forte, le peuple a fait plier le président sortant de Novartis, se réjouit Thomas Minder qui "s'incline devant la révolte du souverain".

Pour le président du PDC, Daniel Vasella n'a cédé à aucune pression des milieux politiques ou économiques. "Il n'en a en tous cas pas subi de ma part, ni de personne si ce n'est celle de la rue. Je le connais: il est assez intelligent pour faire son auto-critique tout seul avec son conseil d'administration", a dit Christophe Darbellay.

Revers

Son homologue du PLR est moins affirmatif. La pression de l'opinion publique a contribué de façon décisive à la décision de Daniel Vasella, déclare Philipp Müller, sans cacher toutefois que "les réactions des milieux bourgeois ont également eu une certaine influence". Pour Christian Levrat, il est clair qu'Economiesuisse a exercé une "forte pression".

"La pression de l'économie, des politiques et des actionnaires n'est pas restée sans effets", admet d'ailleurs Pascal Gentinetta. Pour le directeur de la Fédération des entreprises suisses, Novartis aurait pu renoncer plus tôt à verser 72 millions de francs à son président sortant. Selon Pascal Gentinetta, la polémique constitue un revers dans la campagne contre l'initiative.

Sans vouloir indiquer si les critiques publiques de l'association patronale qu'il dirige ont directement influencé Daniel Vasella, le directeur d'economiesuisse relève que, dans le contexte de l'initiative du 3 mars, Novartis et son patron auraient déjà dû réagir vendredi passé. "Un renoncement immédiat aurait représenté un avantage", concède-t-il.

ats/pym

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