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Le triomphe de Minder est un avertissement à l'élite économique

Minder [WALTER BIERI]
Le triomphe de Thomas Minder est abondamment commenté par la presse de ce lundi. - [WALTER BIERI]
Le plébiscite de l'initiative Minder est un avertissement, voire une mise en garde, lancé à l'élite économique mais aussi politique, analyse la presse suisse de ce lundi.

La nette acceptation de l'initiative contre les salaires abusifs est "le triomphe d'un indigné", titre le quotidien "Le Temps". L'indigné étant Thomas Minder.

Pour le rédacteur en chef, Pierre Veya, la majorité du Parlement porte une très lourde responsabilité pour avoir tergiversé plusieurs années et refusé un vrai contre-projet. Cette sévère défaite des milieux économiques démontre qu'ils perdent en influence directe. La presse étrangère s'est d'ailleurs montrée très intriguée par ce triomphe dans un pays où la finance est reine.

Problèmes de société

Pour la "Tribune de Genève", l'organisation patronale Economiesuisse "s'est décrédibilisée par une campagne aussi bien dotée que mal menée, métaphore du dirigeant surpayé et peu efficient", développe Pierre Ruetschi, rédacteur en chef.

Pour "24 Heures", le oui massif à l'initiative reflète des problèmes de société, écrit Claude Ansermoz, rédacteur en chef adjoint. Même si certains voudraient pousser le bouchon plus loin, l'urgence est de concentrer sur les applications concrètes de ces textes :"un vrai défi".

Ras-le-bol

Le résultat du scrutin exprime "un ras-le-bol qui a fait fi des défauts de l'initiative", expose Nicolas Willemin dans "L'Express". Pour l'éditorialiste du quotidien neuchâtelois, ni les sociétés cotées en bourse, ni l'économie suisse ne sortent affaiblies par ce vote.

L'ampleur du succès "s'explique en bonne partie par le fait que l'initiative venait de la droite libérale-nationale, que toute la gauche se devait de soutenir parce qu'elle restreignait de manière autoritaire les libertés de gouvernance et de management des multinationales", note François Schaller, rédacteur en chef du quotidien "L'Agefi".

Pour "Le Matin", le résultat du scrutin va engendrer de nouvelles questions, observe Sandra Jean, rédactrice en chef. "Maintenant que nous avons eu la peau des patrons un peu trop gourmands, irons-nous jusqu'à plafonner leur salaire? (...) La Suisse veut-elle devenir un îlot de moralité et d'équité dans un monde sans foi ni loi? A quoi bon?"

Déferlante pro-Minder

Pour le "Journal du Jura", Economiesuisse, les partis bourgeois et le Conseil fédéral ont reçu une claque magistrale, commente Philippe Oudot. "Le résultat sans appel démontre à quel point ces milieux sont déconnectés des réalités quotidiennes des citoyens."

Le score de l'initiative prouve que le peuple suisse est capable d'indignation, souligne Christiane Pasteur en une du "Courrier". Et de mentionner que l'initiative "ne révolutionne pas le fonctionnement du capitalisme suisse, elle le moralise un tant soit peu".

La déferlante pro-Minder est une réaction démocratique à l'arrogance de certains top managers, attitude détestable qui a fini par révulser le pays entier, écrit Rémy Chételat dans son éditorial pour le "Quotidien jurassien".

En acceptant l'initiative Minder "l'ensemble du peuple suisse en sort grandi", remarque Contessa Pinon, rédactrice en chef du quotidien vaudois "La Côte".

ats/pym  

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La presse alémanique en bref

Pour le "Tages Anzeiger, le vote reflète le sentiment d'une majorité pour qui les cadres supérieurs des entreprises pillent les coffres aux dépens de la société civile.

"24 à 0 pour Minder", écrit la "Neue Zürcher Zeitung". Le premier nombre fait écho aux nouvelles dispositions constitutionnelles, dont beaucoup sont utiles, d'autres nuisibles. Le second renvoie à l'incapacité de l'establishment politique et économique, à prendre au sérieux le malaise suscité par les salaires et bonus excessifs.

Les rois ont toujours été suspects pour la population de ce pays qui exige des chefs d'entreprise d'être modestes et d'avoir le sens des convenances, relève "Der Bund".

Pour le quotidien bernois, le résultat du vote est un avertissement à l'élite économique, qui en fin de compte dispose dans ses mains de l'avenir de la croissance économique.