Les boissons alcoolisées devraient coûter plus cher. Opposé à un relèvement de la taxe sur l'alcool pur, le Conseil des Etats a opté mercredi par 19 voix contre 18 et 2 abstentions pour un prix minimum de vente demandé par le camp rose-vert.
Pour 2,50 francs, on peut s'offrir l'équivalent de 11 verres de boissons alcoolisées, a constaté Christian Levrat (PS/FR). Le prix minimum est une mesure forte qui a prouvé son efficacité au Canada. Il est en discussion en Ecosse et ailleurs. L'action sur le tarif est la plus efficace pour réduire la consommation à risque, a-t-il poursuivi.
Soutenir la prévention
Cela porterait atteinte au système libéral, poserait des problèmes de comptabilité avec le GATT et l'OMC, a rétorqué Konrad Graber (PDC/LU) au nom de la commission préparatoire. La mesure créerait en outre de mauvaises incitations, les détaillants pouvant accroître leurs marges en proposant des boissons plus chères, a-t-il poursuivi.
Les ventes étant très sensibles aux tarifs, le prix minimum est une chance pour soutenir la prévention, a défendu Peter Föhn (UDC/SZ) en se ralliant à la gauche. Ce n'est pas un nouvel impôt, et ne pénalise par la production indigène, a-t-il justifié.
Régime de nuit
Le Conseil des Etats a par ailleurs accepté d'instaurer un régime de nuit afin de réduire l'accès des jeunes à l'alcool, mais refusé de limiter les "happy hours".
Les magasins ne devraient plus vendre d'alcool entre 22h00 et 06h00. Bar et restaurants pourraient continuer à pratiquer des appels d'offres tels que les "happy hours", même la nuit, ont décidé les sénateurs. On pourra aussi y consommer des spiritueux à prix réduit, ce qui est interdit aujourd'hui.
Le régime de nuit est essentiel si l'on veut vraiment protéger la jeunesse, a plaidé la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf. Boire dans un restaurant permet un certain contrôle social qui disparaît dans la rue. Et la ministre de s'interroger sur la compatibilité du prix de vente minimum pour l'alcool avec l'absence de restrictions aux "happy hours".
ats/moha
Autre proposition du gouvernement
Au lieu du prix plancher, le Conseil fédéral veut obliger bars et restaurants à proposer au moins trois boissons sans alcool moins chères que la boisson alcoolisée meilleur marché.
"Le prix minimum fera des perdants et des vainqueurs", a averti la conseillère Eveline Widmer-Schlumpf. Il n'existe aucune étude établissant un lien entre un prix minimum et une réduction de la consommation d'alcool.