La population suisse a clamé le 3 mars son incompréhension face aux rémunérations des managers. Plus de la moitié des partisans de l'initiative Minder (53%) a accepté le texte pour cette raison, révèle l'analyse VOX publiée mercredi.
9% des votants ne se sont pas référés concrètement à l'objet et ont désiré avant tout donner un signal par leur vote. Seuls 3% ont glissé un "oui" dans l'urne afin de renforcer les droits des actionnaires, ont indiqué les auteurs de l'étude.
L'incompréhension face aux hautes rémunérations a même trouvé un certain écho au sein des opposants à l'initiative, puisque 58% des personnes ayant voté "non" ont reconnu le dysfonctionnement dénoncé par les auteurs de l'initiative.
Quelque 38% ont estimé toutefois que le contre-projet indirect était meilleur. Ce dernier était par ailleurs bien connu des ayants droit au vote.
Une mentalité libérale qui subsiste
La majorité des Suisses n'a pas pour autant changé sa mentalité libérale en matière d'économie, estiment les auteurs de l'enquête. La plupart des votants, malgré le résultat sans équivoque de l'initiative, continuent de s'opposer à ce que les entreprises suisses soient fortement restreintes par les réglementations étatiques.
Les sympathisants des partis de gauche et de l'UDC se sont nettement exprimés en faveur du texte. Les partisans du PS ont dit "oui" à 86%, ceux des Verts à 98% et ceux de l'UDC à 72%.
Ces derniers ont clairement ignoré le mot d'ordre de la direction de leur parti. Les personnes hors parti, numériquement puissantes, ont également voté "oui". Une courte majorité des partisans du PDC (53%) les a imitées, ne suivant pas le mot d'ordre du parti.
Même les revenus élevés ont voté oui majoritairement
Seule une majorité des sympathisants du PLR se sont tenus aux recommandations de leur hiérarchie et ont refusé l'initiative. Le facteur de l'âge a également joué un rôle. Les jeunes se sont montrés moins enthousiastes - seulement 51% de "oui" - que les plus âgés à l'égard de l'initiative.
Au niveau du revenu des ménages, même les personnes à revenu élevé se sont prononcées majoritairement pour le "oui", un peu moins nettement toutefois que les classes de revenu plus modestes.
La révision de la loi sur l'aménagement du territoire n'a rencontré aucune opposition de taille, à l'exception des Valaisannes et Valaisans.
La résistance la plus importante a émanée des sympathisants de l'UDC et du PLR. Un nombre considérable de ceux-ci a toutefois voté en faveur de la nouvelle loi.
ats/pb
Les mots d'ordre des partis ont été suivis
La crainte du mitage continuel de la Suisse a représenté le motif principal pour l'acceptation du texte. Le succès de l'initiative sur les résidences secondaires avait également bénéficié de cette préoccupation.
L'article constitutionnel sur la politique familiale a buté en premier lieu sur la conviction que ce domaine est du ressort des cantons et des communes, et non de la Confédération. La crainte de frais supplémentaires a également pesé dans le rejet du texte.
En revanche, soutenir les familles en vue de concilier davantage famille et profession est bien accueilli sur le principe. Les personnes n'estimant pas nécessaire de promouvoir activement l'égalité hommes-femmes ont majoritairement rejeté l'objet (57%). Les partisans de la position opposée ont eux approuvé le texte à 71%. Les mots d'ordre ont été en grande partie suivis.
Dans le camp du "oui", les sympathisants des Verts (87%), du PS (80%) et du PDC (61%) ont approuvé le nouvel article constitutionnel. Du côté du "non", les votants proches de l'UDC (82%) l'ont rejeté avec plus de virulence que ceux apparentés au PLR (57%).
Les critères de l'analyse VOX
L'analyse VOX se base sur un sondage réalisé en treize jours après la votation par l'institut de recherche gfs.bern. Les données ont été analysées par l'institut de sciences politiques de l'Université de Berne. L'échantillon se composait de 1516 ayants droit au vote, dont 54% de Suisse alémanique, 27% de Suisse romande et 20% de Suisse italienne. La marge d'erreur est de +/-2,5%.