Si les milieux économiques et scientifiques sont favorables à la levée de l'interdiction de planter des organismes génétiquement modifiés (OGM) en Suisse dès 2018, le projet du Conseil fédéral suscite de fortes oppositions parmi les paysans et à gauche de l'échiquier politique. Les Verts menacent déjà de lancer un référendum.
Dans son projet de révision de la loi sur les OGM mis en consultation jusqu'à mercredi, le Conseil fédéral propose de créer un régime de coexistence entre cultures conventionnelles et cultures génétiquement modifiées.
Frais importants et démarches administratives
Pour les jeunes agriculteurs, le régime de coexistence entraînerait des frais importants et beaucoup de démarches administratives, sans plus-value économique. Un argument repris par le PS, les Verts et les associations de consommateurs.
Doutant de l'utilité économique et sociale du projet, le PDC demande de son côté qu'une évaluation des coûts-bénéfices de la coexistence soit effectuée.
Distances de protection "insuffisantes"
Afin d'éviter la contamination par les pollens, le projet prévoit en outre que les cultivateurs d'OGM devront respecter des distances d'isolement minimales, fixées par exemple à douze mètres pour le soja ou cinquante mètres pour le maïs.
Ces distances peuvent être assouplies grâce à l'aménagement de bandes tampons, assurent les Académies suisses des sciences. "Non", répond le PS, qui les estime insuffisantes et nettement inférieures à ce qui se pratique au Danemark ou en Allemagne.
Méfiance de la population
Le PLR remarque de son côté que "si les méthodes de production et de culture d'OGM ne sont pas plus risquées que les traditionnelles, la réglementation ne doit alors pas être plus restrictive".
L'UDC salue dans un premier temps les efforts du gouvernement pour réglementer ce domaine, avant d'ajouter que, au vu de la méfiance de la population vis-à-vis des OGM, il respectera un éventuel rejet en votation.
ats/rber
Régions "sans OGM" critiquées
L'idée de créer des régions "sans OGM" est quant à elle critiquée de toutes parts.
Les opposants, comme les organisations de protection des consommateurs et StopOGM, demandent l'inversion de cette démarche: ce sont les "régions avec OGM", où leur production est envisageable à certaines conditions, qui doivent être déterminées.
Les cantons de Neuchâtel, Berne, Bâle-Campagne, Argovie et Thurgovie se montrent sceptiques. Pour le gouvernement bernois, l'absence d'OGM est un argument bien plus fort pour l'agriculture afin de pouvoir affronter la concurrence internationale, écrit-il dans sa prise de position.