Une dizaine de parlementaires français de divers groupes politiques, sauf l'UMP, se sont mobilisés mercredi en faveur des "lanceurs d'alerte", en particulier de l'ex- banquier Pierre Condamin-Gerbier arrêté en Suisse. Ce ressortissant français, témoin-clé dans l'affaire Cahuzac, a été placé en détention provisoire le 5 juillet.
Lors d'une conférence de presse, le député socialiste Yann Galut, rapporteur de projet de loi de lutte contre la fraude fiscale, a jugé l'arrestation "pour le moins surprenante".
Clarifier les choses
"Nous souhaitons que le gouvernement français interpelle le gouvernement suisse pour essayer de trouver une solution", a-t-il déclaré.
Le député de l'Union des démocrates et indépendants Charles De Courson, président de la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Cahuzac, s'est aussi étonné de l'arrestation, mais il a souligné que Pierre Condamin-Gerbier "n'était pas un saint".
Si la Suisse estime normal de mettre en détention quelqu'un parce qu'il a dénoncé des faits qui sont des crimes ou des délits dans tous les Etats démocratiques, "ça pose un petit problème pour ceux qui croient encore à la démocratie", a encore estimé l'élu.
agences/cab
Arrestation autorisée par le Conseil fédéral
Le Conseil fédéral avait donné son accord à l'arrestation par le Ministère public de la Confédération de Pierre Condamin-Gerbier pour espionnage économique.
Dans le cadre d'une poursuite pour un délit contre l'Etat tel que le service de renseignement économique, l'autorisation du gouvernement est nécessaire, a souligné le procureur général de la Confédération, Michael Lauber dans "Le Temps" de mercredi.
Témoin clé de l'affaire Cahuzac
Auditionné en juin devant une commission parlementaire française comme témoin dans l'affaire Cahuzac, Pierre Condamin-Gerbier avait souligné posséder une liste "d'une quinzaine" de noms d'ex-ministres ou d'actuels ministres détenteurs d'un compte en Suisse.
Il avait alors assuré que Jérôme Cahuzac n'était qu'un "fusible" dans cette affaire. Le 2 juillet, il avait transmis cette liste à la justice française.
L'ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac a été contraint de démissionner du gouvernement français le 19 mars après avoir avoué avoir détenu un compte bancaire en Suisse, transféré ensuite à Singapour.