Interrogé jeudi par la SRF sur le risque que sa visite d'une division blindée chinoise soit reprise à des fins de propagande, alors que l'armée "a tiré sur le peuple et réprimé le mouvement démocratique dans le sang", le président de la Confédération Ueli Maurer a répondu: "je pense que nous pouvons tirer un trait sur cette affaire depuis longtemps. Le DDPS entretient des liens réguliers avec la Chine depuis 15 ans. C'était très intéressant de voir comment se passe l’instruction des troupes. J’ai beaucoup apprécié l'esprit d’ouverture de mes hôtes".
Cette déclaration a suscité un tollé en raison de son rapprochement au massacre de Tienanmen à Pékin. En juin 1989, l'armée chinoise et ses chars avaient réprimé dans le sang une insurrection populaire, tuant près de 3000 manifestants.
"Interprétation aventureuse"
Ueli Maurer a refusé tout commentaire. "Je ne souhaite pas commenter une interprétation aventureuse de mes propos", a-t-il déclaré à la RTS.
Les déclarations d'Ueli Maurer sont intervenues au terme du deuxième jour de sa visite officielle en Chine, où il avait été reçu par le président chinois Xi Jinping et son Premier ministre Li Keqiang.
ats/kkub/vkiss
Réactions politiques
Dans le sérail politique suisse, les réactions ne se sont pas faites attendre, comme le relate vendredi le Tages-Anzeiger. Ces propos sont "scandaleux, indignes et honteux", selon le conseiller national Carlo Sommaruga (PS/GE), surtout de la part du "pays berceau de la Croix-Rouge et de la Convention de Genève".
Si, pour le Genevois, ces déclarations incitent à "oublier la répression sanglante d'un mouvement démocratique", le devoir de réserve d'un conseiller fédéral fait également l'objet de commentaires. "Ueli Maurer devra s'en expliquer lors de la prochaine session de la commission des affaires étrangères", estime Carlo Sommaruga.
Du côté de ses compagnons de parti, on dédramatise, invoquant les récents accords de libre-échange signés entre la Suisse et la Chine. "Il s'agit avant tout de ne pas mettre en danger cet excellent dialogue", estime le conseiller aux Etats schaffhousois UDC Hannes Germann.