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La centrale de Mühleberg sera fermée en 2019

L'installation électrique de la centrale de Mühleberg. [Gaetan Bally]
La fermeture avant tout due à des raisons économiques / Le 12h30 / 3 min. / le 30 octobre 2013
Mise en service il y a plus de 40 ans, la centrale nucléaire de Mühleberg, dans le canton de Berne, sera arrêtée définitivement en 2019, a annoncé son exploitant, les BKW.

La centrale de Mühleberg, dans le canton de Berne, sera définitivement mise hors service en 2019. Les investissements qui auraient été nécessaires pour une poursuite de l'exploitation du nucléaire ont été jugés trop élevés, ont annoncé mercredi les BKW SA (Bernische Kraftwerke).

"Il s'agit d'une décision entrepreneuriale pas d'ordre politique", a déclaré devant la presse la directrice générale des BKW SA Suzanne Thoma. Cette mesure repose sur les prix jugés trop bas du courant.

En réaction, l'Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (ISFN) dit attendre des BKW qu'elles présentent une planification de la désaffectation et un nouveau plan de rééquipement valable pour les six dernières années d'exploitation. Le but est également d'assurer la sécurité du site après l'arrêt de son exploitation.

Investissements prévus

Les exploitants entendent utiliser les six prochaines années pour mettre en oeuvre plusieurs projets de rééquipement, concernant notamment l'optimisation du système d'alimentation. L'ensemble des collaborateurs de la centrale continueront à travailler dans l'installation jusqu'en 2019, a-t-elle indiqué.

Au total, les investissements dans l'exploitation et la maintenance de l'installation bernoise s'élèveront à près de 200 millions de francs, dont 15 millions pour des mesures extraordinaires.

Avec la réalisation de ces mesures, BKW dit respecter les exigences légales en matière de sûreté et aller au-delà de la marge de sûreté exigée par l'IFSN.

ats/aduc

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Les autorités n'étaient pas au courant

Les autorités fédérales ont pris connaissance de la décision des BKW de déconnecter Mühleberg, décision qui n'avait pas été discutée auparavant.

"Il s'agit simplement de la décision d'une entreprise", a réagi mercredi Dominique Bugnon, chef de l'information du DETEC, pour qui la sécurité reste prioritaire.

La conseillère fédérale Doris Leuthard ne compte pas prendre position sur cette annonce.

Une décision saluée, mais jugée insuffisante

Le PS salue cet "événement historique", même s'il considère que la fermeture reste trop tardive. Pour le Vaudois Roger Nordmann, "il est nécessaire de fixer des dates définitives d'arrêt pour les quatre autres centrales".

Du côté des Verts, le Vaudois Christian van Singer estime sur le site du "Temps" que c'est "une bonne nouvelle", car c'est un pas en direction de la sortie du nucléaire", mais que cela montre aussi qu'il est insensé d'investir massivement dans de vieilles centrales qui ne répondront jamais aux exigences de sécurité.

Les Vert'libéraux saluent la décision des BKW de miser sur un avenir énergétique renouvelable, décision économiquement et écologiquement raisonnable qui constitue un jalon important dans le tournant énergétique suisse.

Pour le PLR, "la responsabilité de cette décision entrepreneuriale appartient aux seules BKW. Elles seules doivent aussi assumer les coûts supplémentaires de cet arrêt".

Le WWF tonne que la centrale doit être arrêtée immédiatement pour des raisons de sécurité. Tout autre scénario équivaut à jouer avec le feu. Sans les investissements prévus, la centrale est dangereuse et c'est un "scandale" qu'elle reste exploitée.

La plus petite centrale de Suisse

Située à 17 km de Berne, la centrale de Mühleberg a été mise en service en 1972. Plus petite installation nucléaire suisse en termes de puissance, elle produit 2900 GWh par an.

Cela représente environ 10% de la production du pays, soit la consommation de 900'000 ménages.

En 2012, la centrale a produit une quantité record d'électricité avec 3117 GWh de courant redistribué dans le réseau suisse.

Elle fait partie des cinq centrales nucléaires du pays qui sont toutes censées arrêter leur exploitation à moyen terme, la Suisse ayant décidé, suite à l'accident nucléaire de Fukushima, de sortir du nucléaire d'ici à 2034.