La Suisse n'imposera pas un plafond aux salaires des top managers. Le peuple a refusé dimanche l'initiative populaire "1:12 - pour des salaires équitables" par 65,3% des voix. Aucun canton ne l'a acceptée, même si une partie des Romands et le Tessin ont montré plus de sympathies que le reste de la Suisse pour le texte de la Jeunesse socialiste.
L'initiative 1:12 a été rejetée par près de 1,8 million de votants. A l'inverse, un peu plus de 955'000 personnes ont inscrit un "oui" sur leur bulletin de vote.
A l'écoute de la droite
Dans un pays où la plupart des salariés rechignent à avouer leur revenu, la majorité n'a pas voulu exiger que dans les entreprises, le salaire le plus haut ne dépasse pas de plus de douze fois le salaire le plus bas.
Le corps électoral a été plus sensible aux arguments du Conseil fédéral, des patrons et de la droite. La crainte d'entraver la bonne marche de l'économie helvétique en imposant un carcan aux revenus des dirigeants a prévalu sur les considérations morales autour des dérives salariales constatées ces dernières années.
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Les détails commune par commune
ats/jgal
Le détail dans les cantons
Il s'en est fallu de 2100 voix pour que texte 1:12 soit adopté au Tessin (51% de non). Dans le Jura, le taux de refus a stagné à 52,2%, tandis qu'à Neuchâtel, il a atteint 55,5%.
Les Genevois se sont opposés à l'initiative par 56,9% des voix et les Fribourgeois par 61,9%. Le refus des Vaudois s'est élevé à 62,9%, alors que celui des Valaisans a atteint 67,3%. A Berne, 62% des votants ont refusé l'initiative.
Les cantons accueillant une forte densité de millionnaires se sont montrés les plus réticents à limiter les salaires. Les champions du "non" ont été les Zougois, avec 77% des voix. Ils sont talonnés par les Schwytzois (76,7%) et les Nidwaldiens (74,8%).
L'appel aux patrons du Conseil fédéral
Le rejet de l'initiative populaire "1:12" permettra à l'économie suisse de rester compétitive et attrayante pour les investisseurs, selon Johann Schneider-Ammann. Le conseiller fédéral a néanmoins appelé les grands patrons à entendre la colère du peuple face aux dérives salariales.
"J'ai répété plusieurs fois au cours de la campagne que je n'apprécie pas les salaires excessifs touchés par quelques rares managers", a dit le ministre de l'économie devant la presse.
Le salaire minimum, prochain combat pour la gauche
Malgré cet échec, la gauche affûte déjà ses armes pour la prochaine bataille. Une nouvelle votation sur les salaires s'annonce l'an prochain, avec l'initiative de l'Union syndicale suisse exigeant un salaire minimum de 4000 francs par mois.
Le Conseil des Etats a déjà prône son refus, le National devrait en faire de même dès la semaine prochaine.