Dans son éditorial, Le Temps tente d'analyser le scrutin, affirmant qu'une partie de ce pays "a peur de l'évolution en cours". "En votant oui avec l'UDC beaucoup ont pensé, un peu naïvement, qu'il s'agissait simplement de reprendre en main l'immigration, et non d'un vote politique qui menace l'ensemble de nos relations avec l'Europe", note le quotidien romand.
Le Matin ne mâche pas ses mots et estime que la Suisse alémanique "s'est recroquevillée sur ses petites certitudes, jalouse de ses privilèges et nostalgique d'un temps glorieux qui n'existe que dans les tableaux d'Anker".
Le Quotidien Jurassien parle de "fracture béante entre Suisse romande et Suisse alémanique" et reporte le résultat du scrutin sur les autorités, "pas assez strictes dans le contrôle des mesures d'accompagnement". Cette votation constitue le signal d'une "Suisse qui souffre, peine à finir le mois et craint pour son avenir", rapporte Le Courrier.
"Le pays s'est inventé une crise"
Selon 24 heures, il y a une "déconnexion des institutions avec une partie de la population", qui écoute "les sirènes populistes de l'UDC" et "saute dans l'inconnu en croyant choisir la sécurité". Il évoque une autre Suisse plus confiante en l'avenir et rationnelle (dont fait partie le canton de Vaud), qui a désormais "du souci à se faire", le pays s'étant "inventé une crise majeure".
La Liberté souligne la tâche ardue du Conseil fédéral. Le gouvernement devra convaincre les 28 pays de l'UE de boire un bouillon où ont mijoté "les vieux poireaux des initiatives contre la surpopulation étrangère, les carottes recuites du combat contre l’Espace économique européen (EEE) et des gousses d’ail rassis de l’initiative contre les minarets".
"Gifle à l'Europe"
Pour la Tribune de Genève, le retour aux contingents "claque comme une magistrale gifle à l’Europe". Les besoins des cantons et des sociétés ne doivent pas être limités par les contingents, Genève nécessitant pour sa part 27'000 autorisations à l'embauche d'étrangers par année, ajoute le quotidien lémanique.
D'après L'Agefi cependant, il n’est pas nécessaire de revenir au vieux régime des contingents. Une alternative libérale serait de vendre le droit d'immigrer, un montant "raisonnable" pour la Suisse pouvant se situer autour de 50'000 francs, selon un expert interrogé par le quotidien économique.
Lire aussi:
Le vote sur l'initiative UDC intéresse la presse européenne
Les Suisses acceptent l'initiative de l'UDC contre l'immigration de masse
jvia avec l'ats
En Suisse alémanique
Outre-Sarine, où le texte a été largement plébiscité, les réactions sont plus contrastées. Certains parlent de "victoire", d'autres de "désastre".
"Il est certain que le 'oui' au texte de l'UDC n'est pas favorable à l'économie suisse et, partant, au bien-être de la population", note la Neue Zürcher Zeitung.
Un avis que ne partage pas la Basler Zeitung, pour laquelle "toute la Suisse" a remporté une "victoire". Le journal bâlois juge pourtant ce scrutin comme étant peut-être "la plus grande défaite jamais subie par l'économie et les syndicats".
Les journaux alémaniques s'attardent notamment sur la signification historique du vote. Comme plusieurs quotidiens romands, ils relèvent le paradoxe entre le scrutin de dimanche, qui menace les accords bilatéraux, et le rejet de l'EEE par le peuple en 1992. Les bilatérales avaient alors été prônées par l'UDC comme alternative au non-rapprochement avec l’UE.