Quatre mille litres à la seconde ou 127 millions de mètres cube par année. C'est la quantité d'eau potable qui s'échappe dans le sous-sol à cause du mauvais état des conduites souterraines, selon des estimations nationales présentées lundi par la RTS.
En pourcentage, cette perte représente 13,9% de l'eau potable consommée chaque année en Suisse.
Manque d'investissement
"On considère que la durée de vie moyenne d'une conduite est de 60 ans, donc toutes les conduites plus vieilles auraient dû être changées, mais c'est de loin pas toujours le cas", explique à la RTS Philippe Collet, responsable de la formation en Suisse romande pour la Société suisse de l'industrie du gaz et des eaux.
Pointé du doigt, le fait que les communes doivent elles-mêmes gérer leurs infrastructures, ce qui n'est pas une priorité des élus locaux. Certains cantons, comme Berne, ont désormais instauré une loi pour contraindre les communes à faire des réserves et augmenter le prix de l'eau.
Daniel Bachmann/vkiss
Oui à la taxe sur les épurations
Les ménages raccordés à une station d'épuration devront s'acquitter d'une taxe allant jusqu'à 9 francs par an pour que les micropolluants soient éliminés dans les eaux usées. Après le Conseil des Etats, le National a accepté lundi par 130 voix contre 49 la révision de la loi sur la protection des eaux.
Les médicaments, hormones ou biocides ne sont que très partiellement éliminés dans les stations d'épuration. Or même de très faibles concentrations sont néfastes pour les poissons et d'autres organismes aquatiques.
Ces micropolluants peuvent aussi nuire aux ressources en eau potable, a rappelé Beat Jans (PS/BS) au nom de la commission. D'où la nécessité d'équiper une centaine de stations d'épuration (STEP) sur 700 d'installations spécifiques.
Quelque 40% perdus dans le Jura
Le canton du Jura est particulièrement touché par le phénomène. C'est chaque année 40% de son eau potable qui disparaît dans le terrain.
"Il faut bien reconnaître qu'une génération en a "profité" pour réaliser d'autres investissements plutôt que de mettre de côté afin de pouvoir le moment venu remplacer les investissements", a déclaré à la RTS Jacques Gerber, chef du Service de l'environnement.