Le sort d'un second tube au tunnel routier du Gothard reste en suspens. Le Conseil des Etats est entré jeudi en matière par 25 voix contre 16 sur le projet. Mais les débats ayant duré plus de trois heures, les sénateurs n'ont pas pu achever leurs travaux. Ils doivent encore statuer sur des propositions de renvoi au Conseil fédéral. Le verdict est prévu dans une semaine.
La ministre des Transports Doris Leuthard n'était pas surprise. "Le Gothard est un symbole, la discussion à son sujet s'enflamme toujours autour de la protection des Alpes", a-t-elle commenté.
Réfection nécessaire
Le tunnel routier a plus de 30 ans et personne n'a contesté la nécessité d'une réfection. Pour éviter la fermeture de cet axe majeur et ne pas couper le Tessin du reste de la Suisse, le Conseil fédéral propose de construire un second tube qui prendrait en charge le trafic des voitures pendant la durée des travaux.
A la fin de l'assainissement vers 2030, la capacité du trafic ne serait pas augmentée car une seule voie serait ouverte dans chaque sens, la seconde piste servant de bande d'arrêt d'urgence.
ats/sbad
Le Tessin inquiet
"Ne nous laissez pas tomber", a exhorté Filippo Lombardi (PDC/TI). Une fermeture de trois ans aurait des conséquences catastrophiques pour tout le Tessin, a-t-il averti. Le peuple a dit "non" en 2004 à un second tube autoroutier au Gothard pour augmenter les capacités, mais il ne s’agit pas de ça aujourd’hui.
"Il existe d'autres voies pour traverser les Alpes", a critiqué pour sa part le Vert'libéral uranais Markus Stadler. Toutes les solutions comportent des désavantages, a relevé Géraldine Savary (PS/VD). Mais une fermeture temporaire du tunnel avec une ouverture estivale servirait au mieux la cohésion nationale.
Des coûts élevés
Le second tube sera financé via la caisse routière. Malgré des coûts devisés à 2,8 milliards de francs, cette solution est la plus judicieuse à long terme, selon la conseillère fédérale Doris Leuthard. Une fermeture du tunnel obligerait à mettre sur pied temporairement une chaussée roulante onéreuse dont aucun canton ne veut.
Le peuple aura de toute façon le dernier mot puisque la révision de la loi sera soumise à un référendum, déjà promis par les adversaires. Ces derniers estiment que le projet du Conseil fédéral n'est pas constitutionnel, car il contrevient à l'initiative des Alpes adoptée par le peuple en 1994.