Oui ou non à l'initiative populaire "Pour la protection de salaires équitables" - appelée aussi initiative pour un salaire minimum - telle est la question posée aux citoyens suisses le 18 mai.
Ce texte de l'Union syndicale suisse (USS) et d'Unia réclame un salaire minimum de 22 francs de l'heure pour chaque employé du pays, ce qui correspond à un salaire mensuel de 4000 francs pour 42 heures hebdomadaires (100%). Il demande aussi aux autorités d'encourager les conventions collectives de travail (CCT).
Pas assez pour vivre décemment
"Il est temps qu'en Suisse, il vaille la peine de travailler pour tout le monde", tonnent les initiants, qui souhaitent apporter leur aide aux 330'000 personnes qui vivent avec moins de 4000 francs par mois en Suisse, une somme "indécente" pour vivre décemment. Et de souligner que les deux tiers de ces bas salaires sont des femmes.
Pour les syndicats, tout le monde sera gagnant si le texte est accepté: les patrons, qui verseront des salaires décents et n'auront pas à craindre une concurrence déloyale, et les contribuables, qui n'auront plus à régler l’addition via l’aide sociale.
A noter que le syndicat Employés suisses, qui se veut le porte-parole de la classe moyenne, va à contre-courant en recommandant le rejet de cette initiative, y voyant une fausse bonne idée. Il lui préfère le partenariat social.
Emplois menacés, selon le Conseil fédéral
Le Conseil fédéral et le Parlement rejettent cette initiative, de même que les partis de droite. Pour le ministre de l'Economie Johann Schneider-Ammann, un salaire minimum aurait des conséquences néfastes sur le marché du travail et le partenariat social. Ce n'est à ses yeux pas le bon moyen de soutenir les personnes à faible revenu.
Le salaire minimum demandé par l’initiative serait le plus élevé du monde, il menacerait les emplois et rendrait plus difficile l’accès au monde du travail pour les peu qualifiés et les jeunes, estime le gouvernement. Les opposants dénoncent aussi un coût de la vie différent à travers le pays et donc peu cohérent avec un salaire minimum nationalisé.
Frédéric Boillat