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Débat musclé au National sur les suites du vote anti-immigration

Le Conseil national a rejeté l'initiative populaire sur les forfaits fiscaux par 119 voix contre 59. [Lukas Lehmann]
Trois heures de débat sur le 9 février au National, aucune décision prise / Le 12h30 / 2 min. / le 20 mars 2014
Bombardée de questions par les autres partis, l'UDC a vivement critiqué le Conseil fédéral lors du débat urgent de jeudi au Conseil national suite à l'acceptation de l'initiative contre l'immigration.

Les partis ont débattu jeudi au Conseil national sur les conséquences du oui à l'initiative de l'UDC sur l'immigration de masse, acceptée en votation le 9 février. La discussion est a été vive mais aucune décision n'a toutefois été prise.

Dès les premières minutes, l'UDC a tiré à boulets rouges sur le Conseil fédéral. Les initiants sont les seuls à ne pas être inclus dans le groupe d'experts institué pour la mise en oeuvre du texte, s'est indigné le président du parti Toni Brunner, accusant Simonetta Sommaruga d'être "un peu butée" et demandant une application "urgente" du texte.

La conseillère fédérale a répondu que "ce groupe d'experts n'est pas une table de négociations, c'est un support technique". Quant au calendrier de l'application de l'initiative, Simonetta Sommaruga a précisé qu'un délai de trois ans est prévu mais que "les travaux battent leur plein à tous les niveaux". "Nous devons travailler vite mais bien", a-t-elle ajouté.

L'UDC bombardée de questions

Après avoir prôné un retour à l'ancien système des contingents, l'UDC a été bombardée de questions par les autres partis, craignant pour la croissance économique, la recherche et s'indignant des discriminations. "Le banquier ou l'ingénieur allemand pourra toujours venir, plus le serveur portugais. C'est inacceptable", s'est exclamé le chef du groupe socialiste Andy Tschümperlin.

"Arrêtez vos belles paroles! Vous ne voulez pas de discrimination, mais aujourd'hui on discrimine 120 pays!", a répondu Christoph Blocher (UDC), en référence aux contingents hors UE.

"Le peuple a été trompé"

Tout l'édifice bilatéral est en danger pour les opposants à l'initiative, qui ont été nombreux à accuser l'UDC de vouloir isoler la Suisse. "Le peuple a été trompé, il voulait limiter l’immigration abusive mais pas couper la voie bilatérale", a estimé Jacques Neirynck (PDC/VD). Seule l'UDC n'a pas abondé dans ce sens.

Le PS a déposé une motion pour qu'une éventuelle dénonciation des accords bilatéraux soit précédée d'une votation et un postulat pour remettre l'option de l'adhésion sur la table.

vtom avec ats

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Altercation entre deux élus fribourgeois

Après un vif débat avec Dominique de Buman (PDC) qui l'a accusé de s'être opposé à de nombreuses mesures avec l'USAM, Jean-François Rime (UDC) a répliqué sèchement, voyant que le démocrate-chrétien avait quitté la salle: "Si vous participez à un débat, vous devriez écouter l'avis des autres!"

Visite de l'ambassadeur de l'UE au Tessin

Richard Jones, ambassadeur de l'UE à Berne, était au Tessin jeudi pour faire le point sur le cas particulier du canton du sud des Alpes et sur les retombées de la votation populaire du 9 février.

"Nous avons évoqué les difficultés du canton et la façon de procéder pour que les accords bilatéraux avec l'UE soient respectés", a dit l'ambassadeur au terme de sa visite qui a duré un peu plus d'une heure.

"Nos relations avec la Suisse en général sont difficiles après l'approbation de l'initiative UDC et le principe de la libre circulation des personnes doit absolument être respecté", a précisé Richard Jones, qui a dit comprendre et "respecter" la particularité du canton-frontière.

Le président du Conseil d'Etat tessinois, Paolo Beltraminelli a indiqué pour sa part que "l'UE fait preuve de compréhension et n'est pas opposée aux mesures d'accompagnement qui complètent la libre circulation des personnes, à condition qu'elles ne soient pas discriminatoires envers les citoyens communautaires."

Sélection de déclarations qui ont rythmé le débat

Roger Nordmann (PS/VD): "L'UDC a enfin atteint l’objectif qu'elle poursuivait depuis 10 ans: la destruction des accords bilatéraux."

Raymond Clottu (UDC/NE): "Vous voulez une adhésion à l'UE, donc vous voulez les salaires européens?"

Jean-François Rime (UDC/FR): "Selon vous, le peuple n'a donc pas compris sur quoi il votait. Vous avez une bien piètre opinion des Suisses."

Régula Rytz (Verts/BE): "Les solutions proposées jusqu'ici par les uns et les autres sont lamentables."

Isabelle Moret (PLR/VD): "Ce débat sur le 9 février ne sert qu'à faire mousser les partis (...). Proposer une adhésion à l'UE est irresponsable."

Ruth Humbel (PDC/AG): "L'UDC veut nous isoler, le PS veut adhérer à l'UE et le centre tient à la voie bilatérale."

Adrian Amstutz (UDC/BE): "L'isolement, c'est le terme qui a été utilisé pour rouler le peuple suisse lors de la campagne. Heureusement il n'est pas aussi bête que ce qu'aimeraient une partie de cette salle. Le peuple est le chef, ce n’est pas le Conseil fédéral."

Adèle Thorens (Verts/VD) "Nous vivons, nous travaillons et nous sommes au coeur de l'Europe."

Christoph Blocher (UDC/ZH): "La majorité du peuple et des cantons ont pris une décision qui ne vous convient pas. C'est aussi simple que ça."

Simonetta Sommaruga: "Comment voulez-vous recruter des personnes qualifiées en leur disant que leur famille doit rester chez eux. De grâce, restez réalistes."