L'initiative contre l'immigration de masse a su séduire les citoyens qui ne vont habituellement pas ou peu voter, un facteur qui a pu faire pencher la balance en faveur du oui, selon l'analyse VOX de l'institut gfs.bern publiée jeudi.
Le milieu rural, les gens qui font peu confiance aux autorités, ceux qui accordent la priorité à la défense des traditions et les personnes qui souhaitent favoriser les Suisses par rapport aux étrangers se sont également davantage mobilisés. L'initiative a également bénéficié d'un fort soutien de la part des ouvriers et des indépendants, note l'étude.
Ce vote peut aussi être interprété comme la manifestation d'un conflit plus large relatif à la perception des méfaits de la globalisation en général, écrivent les auteurs.
Contre l'immigration "par principe"
Plus du tiers (35%) des personnes qui ont voté oui justifient en premier lieu ce choix par le fait qu'ils sont contre l'immigration par principe ou qu'il y a déjà assez ou trop d'étrangers en Suisse.
De plus, près d'une personne sur cinq (17%) s'identifie avec les objectifs de l'initiative et considère que la Suisse doit gérer elle-même l'immigration. Viennent ensuite les conséquences négatives (économiques, 11%, ou autres, 10%) imputées à l'immigration. En troisième lieu, une personne sur dix justifie son oui par la volonté de donner un avertissement au gouvernement.
ats/mre
Opposition gauche-droite
L'initiative a été marquée par une très forte opposition gauche-droite: elle a fait le plein des voix à l'UDC, tandis que les sympathisants du PS l'ont massivement rejetée.
Le rejet de l'initiative est également net parmi les sympathisants PDC (34% d'acceptation), alors que ceux du PLR ont été un peu plus partagés avec 40% d'acceptation, selon l'analyse.
La question européenne reléguée
Dans les motifs avancés, la préoccupation européenne est largement reléguée au second plan, tant chez les partisans que chez les opposants.
La plupart des partisans réfutent les effets supposés de l'initiative pour la politique européenne. Cela laisserait penser que beaucoup n'ont pas réalisé les conséquences de leur vote.
Les analystes nuancent cependant: beaucoup de sondés ont également répondu que la Suisse devait être prête à prendre le risque d'une résiliation des accords bilatéraux si c'est le prix à payer.
L'économie, premier motif pour le non
Du côté des partisans du "non", le motif principal avancé est de nature économique (33%). Selon eux, l'économie profite de l'immigration. Les conséquences négatives pour la politique européenne de la Suisse viennent en troisième position (18%).
Enfin, l'opposition aux contingents ne recueille que 8% et celle à la xénophobie et à la discrimination des étrangers 8% aussi.