La Confédération veut redéfinir les objectifs de la conservation des paysages d'importance nationale. Sur demande du Conseil fédéral, l'inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels d'importance nationale (IFP) a été revu et ses objectifs révisés lors d'une procédure de consultation qui s'est achevée vendredi.
Des embûches à la stratégie énergétique
La révision, lancée il y a 10 ans, a été saluée par les organisations de protection de l'environnement (Pro Natura et Helvetia Nostra en tête) mais déplaît aux producteurs d'énergie. Ces derniers y voient des embûches à la construction d'installations énergétiques de type hydraulique, éolien, solaire ou même nucléaire.
Les paysages protégés couvrent 19% du territoire suisse. L'inventaire a été dressé en 1977. Depuis lors, il a été étendu à trois reprises, le plus récemment en 1998. Mais ces sites sont sous pression depuis que la transition énergétique a été décidée par le Conseil fédéral (lire encadré ci-dessous).
sbad avec ats
L'inventaire fédéral des paysages
Actuellement, l'inventaire comprend 162 biens en Suisse, dont le Lavaux, le Rhône genevois, la rive gauche du lac de Bienne ou la chaîne de montagnes des Churfirsten (SG).
Référendum ou initiative prévus?
Une résistance se forme cependant contre l'assouplissement de la loi sur la protection de la nature et du paysage visant la protection des sites naturels.
Plusieurs organisations, dont Patrimoine suisse, ont formé l'Alliance Patrimoine l'an dernier, qui projette déjà de lancer un référendum.
Raimund Rodewald de la Fondation suisse pour la protection et l'aménagement du paysage va pour sa part encore plus loin: "Nous préparons le lancement d'une initiative populaire."
La stratégie énergétique privilégiée
Selon la "stratégie énergétique 2050" du Conseil fédéral, les installations pour produire de l'énergie devraient aussi être considérées "d'importance nationale".
Cette qualification permettrait ainsi de passer outre l'inventaire des paysages. "Si l'inventaire est adopté tel quel, mettre en oeuvre la stratégie énergétique sera "difficile, voire impossible", a déjà souligné l'Association suisse pour l'aménagement des eaux.
L'Association des entreprises électriques suisses (AES) fait la même analyse. Elle demande que même sur des sites protégés, on puisse produire de l'énergie "de façon respectueuse".
Les responsables des centrales électriques peuvent compter sur le Parlement. Le PBD vient de déposer une motion demandant que la construction de centrales électriques soit facilitée sur les sites protégés.