Le Conseil fédéral relève avec "satisfaction" la fin du conflit entre Credit Suisse et le ministère américain de la justice. Cet accord permet de trouver une issue juridique au conflit sans mise en accusation formelle et lie les deux parties, indique le gouvernement.
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En concluant cet accord, Credit Suisse reconnaît avoir commis les infractions qui lui sont reprochées et accepte les sanctions proposées. La solution trouvée n'entraîne pas le retrait de la licence de la banque et le recours au droit d'urgence est exclu, relève le Conseil fédéral.
La place financière renforcée
La ministre des finances a précisé durant une conférence de presse à Berne que le recours au droit d'urgence étant exclu, l'ordre juridique et la place financière suisse en seront renforcés.
Et d'ajouter que si le gouvernement n'a pas participé aux négociations, il s'est efforcé, sur le plan politique, de faire en sorte que les autorités américaines traitent Credit Suisse de manière juste et équitable par rapport aux banques d'autres pays et américaines.
No comment sur le comportement de la banque
Une partie de l'affaire est close, s'est encore réjouie la conseillère fédérale. Mais d'autres banques, notamment cantonales, sont encore en discussion avec les Etats-Unis en vue de trouver une solution pour leur comportement répréhensible dans le passé. Leur cas devrait être réglé ces prochains mois, selon elle.
Malgré les questions de la presse, Eveline Widmer-Schlumpf s'est gardée de commenter le montant de l'amende et le comportement des dirigeants de la deuxième plus grande banque suisse. L'essentiel est que la direction gère bien la suite et choisisse une bonne stratégie. "Tout le reste ne concerne pas la politique et surtout pas moi", a-t-elle estimé.
La Suisse pas visée en priorité par les Etats-Unis
Interrogé au 19h30 de la RTS, l'avocat américain Charles Adams, proche de Barack Obama, a lui déclaré que l'amende reçue par Credit Suisse est "la solution la moins pire".
Quant à l'idée que la justice américaine vise en priorité les banques suisses, l'avocat l'a balayée du revers de la main: "c'est un total fantasme, les banques américaines se sont vues infliger des amendes plus importantes", a-t-il répondu.
Par ailleurs, "je ne pense pas, absolument pas" qu'il y ait une forme de jubilation aux Etats-Unis quant à l'amende prononcée contre Credit Suisse, a ajouté l'avocat. "Vous allez voir, dans quelques jours, c'est BNP Paribas qui va à son tour payer une amende conséquente".
La réaction de l'avocat américain Charles Adams:
ats/pym
"Page tournée" pour la BNS
Credit Suisse a tourné la page sur une situation pesante depuis plusieurs années, a estimé le président de la Banque nationale suisse (BNS) Thomas Jordan.
Le numéro deux bancaire helvétique a tiré les leçons de ses erreurs passées et peut désormais envisager l'avenir avec confiance, a-t-il ajouté.
L'institut d'émission monétaire entend poursuivre normalement ses relations avec la banque.
Les réactions des milieux bancaires
L'Association suisse des banquiers est soulagée que l'accord respecte le cadre juridique existant. Il permet à la banque de tirer un trait sur ses problèmes avec les Etats-Unis et de se concentrer à nouveau pleinement sur ses tâches opérationnelles, souligne-t-elle.
Jean-Christophe Schwaab, président romand de l'Association des employés de banque (ASEB), salue le règlement obtenu pour le Credit Suisse. Selon lui, c'est à la direction et aux actionnaires de payer maintenant les pots cassés. "Pas de bonus à la direction et pas de dividendes aux actionnaires", exige-t-il.
#CreditSuisse : actionnaires et directions doivent payer (pas de dividendes, ni de bonus), pas l'emploi!
— Jean Chr. Schwaab (@jcschwaab) 20 Mai 2014
Appel à la retenue ou à la démission
Du côté des partis politiques, les réactions sont partagées.
Le président du PLR Philipp Müller se félicite qu'une intervention étatique n'ait pas été nécessaire pour trouver une issue, alors que son collègue de parti Ruedi Noser (PLR/ZH), président de la commission de l'économie du Conseil national , appelle à la retenue: "CS a résolu ses problèmes sans le soutien de l'Etat, les politiques doivent respecter ça" et "rester sur la retenue dans leurs commentaires".
L'UDC zurichois Thomas Matter souligne lui qu'aucune donnée de clients ne devra être transmise aux Etats-Unis.
Par la voix de son président Christian Levrat, le Parti socialiste demande la démission de la direction du numéro deux bancaire helvétique. Pour lui, "il est incompréhensible que les démissions des dirigeants ne soient pas encore tombées".
Au contraire, le président du PBD Martin Landolt estime qu'il ne revient pas à la politique de dicter les démissions.
Le président du PDC, Christophe Darbellay, va dans le même sens et constate que la justice américaine n'a pas demandé que des têtes tombent au Credit Suisse. Et de commenter: "Mieux vaut une fin dans la douleur que des douleurs sans fin", écrit-il.
Et aussi le tweet du conseiller national Dominique de Buman (PDC/FR):
Après des peines aussi honteuses pour les organes supérieurs de Credit Suisse, encore un bon petit bonus pour 2014, sur le dos de tous ?
— Dominique de Buman (@DdeBuman) 20 Mai 2014