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Surreprésentation de Zurich et Berne lors de l'attribution de marchés publics

Berne et Zurich reçoivent de loin le plus de mandats publics, en chiffres absolus et relatifs.
Berne et Zurich reçoivent de loin le plus de mandats publics, en chiffres absolus et relatifs.
L'étude des mandats publics attribués en 2013 montre une nette prépondérance des entreprises bernoises et zurichoises, qui ne s'explique pas uniquement par leur dynamisme économique.

RTSinfo a étudié les adjudications de mandats fédéraux en Suisse en 2013, après s'être procuré un extrait de la base de données SIMAP (le Système d'information sur les marchés publics en Suisse, simap.ch) portant sur l'ensemble des mandats adjugés par la Confédération et les régies publiques (Poste, CFF...) entre le 1er janvier et le 31 décembre.

Le premier constat est sans appel: à elles seules, les entreprises bernoises et zurichoises raflent presque la moitié des adjudications (46%). Sur 1104 attributions de marchés, 292 sont allées à Zurich et 219 à Berne. Le montant total des mandats récoltés à Zurich représente quant à lui plus de 30% des 3,6 milliards de francs dépensés en 2013.

Le corollaire est un retard flagrant des entreprises romandes: en 2013, elles n'ont même pas obtenu 14% des contrats (152 mandats), contre près de 78% pour les alémaniques (859 mandats) et 8% pour le Tessin (93 mandats).

Beaucoup moins d'offres romandes

Le 30 avril dernier, les conclusions d'une étude sur l'attribution des marchés publics en Suisse entre 2009 et 2012 ont été rendues publiques. Mandatée par le Conseil fédéral fin 2012 à la demande de plusieurs parlementaires comme Antonio Hodgers (Verts/GE), Christophe Darbellay (PDC/VS) ou Dominique de Buman (PDC/FR), l'étude relève elle aussi la nette sous-représentation des entreprises romandes.

>> Lire : Le Conseil fédéral veut mieux répartir l'attribution des marchés publics

Certes, le poids économique de Berne et Zurich et, dans le cas particulier de Berne, la proximité avec l'administration fédérale, peuvent expliquer leur succès. En revanche, la part revenant aux cantons romands est largement inférieure à leur poids économique - ils contribuent à près de 25% au PIB suisse.

L'étude citée plus haut écarte l'hypothèse d'une discrimination lors de l'attribution, expliquant que les sociétés latines ont un taux de réussite en moyenne supérieur. Selon elle, le problème tient surtout au fait que ces entreprises sont beaucoup moins nombreuses à répondre aux appels d'offre: entre 2009 et 2012, quelque 8% des offres ont été présentées par des firmes romandes et quelque 4% par des sociétés tessinoises.

Biais linguistique?

L'argument de la barrière linguistique a souvent été évoqué pour expliquer cette sous-représentation. L'an dernier, Dominique de Buman (PDC/FR) a déposé une motion réclamant que la Confédération utilise systématiquement l'allemand, le français et l'italien pour la rédaction et le traitement de ses appels d'offre.

Mais si l'on observe les statistiques, il semble que l'obstacle de la langue ne s'opère pas vraiment au stade de la publication, puisque seuls 15% des appels d'offre ne sont publiés qu'en allemand. Les deux tiers sont émis en allemand et au moins une deuxième langue nationale.

L'allemand est souvent la langue de communication, et il reste la principale langue parlée dans les offices fédéraux. C'est en partie ce qui dissuaderait les Romands de répondre aux appels d'offre. Toutefois, d'autres critères comme la distance géographique entre mandants et mandataires, les particularités de cultures et de méthodes de travail ou encore la complexité des appels d'offres sont aussi à l'oeuvre. Plutôt que de barrières linguistiques, il serait ainsi plus juste de parler de barrières entre régions linguistiques.

Pauline Turuban

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Certaines entreprises très sollicitées

L'étude des données SIMAP a aussi permis de montrer que certaines entreprises se sont vu attribuer de nombreux mandats en 2013. Les 13 entreprises les plus sollicitées dans l'année ont remporté des mandats pour un montant total de près de 650 millions de francs (soit près de 20% du montant total des adjudications).

Parmi elles, Siemens s'est vu attribuer 11 projets pour un montant global de près de 353 millions, et Implenia a remporté 19 mandats pour un total de près de 174 millions de francs.

Ces chiffres concernent les projets attribués seulement à ces entreprises, et ne tiennent pas compte des consortiums dont elles faisaient partie. A titre d'exemple, outre les projets qu'elle a menés seule, la société Implenia a pris part à 8 consortiums ayant remporté des marchés.

Méthodologie pour l'obtention des statistiques

La liste obtenue auprès de SIMAP concerne toutes les adjudications de marchés correspondant à des appels d'offre publics, et mises en ligne sur la plateforme du 1er janvier au 31 décembre 2013.

Les montants annoncés correspondent aux prix minimaux annoncés par les adjudicataires, ils sont donc indicatifs.

Certaines données, les lieux d'exécution des mandats par exemple, n'apparaissent pas car elles ne sont pas renseignées dans la procédure d'appel d'offre.