La présidence du Parti démocrate-chrétien préconise une série de mesures pour prévenir la formation et l'enrôlement de candidats au djihad qui se trouvent sur territoire helvétique. Elle propose notamment de retirer le permis de séjour - voire la nationalité suisse des binationaux - à ceux qui sont allés combattre à l'étranger.
A la suite des meurtres des deux journalistes en Irak, tués par un combattant Britannique, le PDC se dit inquiet de l'évolution de la situation en Suisse. Il liste donc une série de mesures, à commencer par la suppression du permis de séjour de ceux qui sont allés combattre à l'étranger avec des motivations idéologiques ou le retrait du passeport suisse pour les binationaux.
Le parti propose également de durcir la peine maximale de prison prévue par le code pénal pour ce type de délit, qui est aujourd'hui de trois ans. Il envisage encore de restreindre le droit de sortie des candidats au djihad et de renforcer les mesures préventives, comme une meilleure surveillance des réseaux sociaux.
Soutien indirect aux chrétiens d'Orient
La lutte contre les candidats suisses au djihad est aussi une manière d'aider les Chrétiens persécutés en Orient, un thème plutôt fédérateur au sein du parti. En revanche, Christophe Darbellay s'est montré très critique concernant la position des évêques suisses, qui estiment que le recours aux armes peut s'avérer nécessaire comme dernier recours.
Esther Coquoz/oang
Volonté de "fermeté" du Conseil fédéral
Qu'ils partent combattre pour le djihad ou avec les milices chrétiennes, ces combattants suisses inquiètent le Conseil Fédéral.
"C'est un sujet de grand souci", a dit le président de la Confédération mercredi dans l'émission "Forum" de la RTS.
"Suivant ce qui se fait et l'attitude que les gens ont eu dans ces pays, ils ne peuvent pas sans autres revenir en Suisse, nous devons nous montrer très fermes", souligne Didier Burkhalter.
Candidats encore peu nombreux
Selon la vision du PDC, les nouveaux mercenaires sont ces extrémistes qui rejoignent le camp de l'Etat islamique. Les candidats sont radicalisés en Suisse avant d'être formés sur place.
Le PDC admet que les cas sont peu nombreux - ils seraient une quarantaine à avoir fait des voyages avec cette intention depuis 2001.
Mais son président Christophe Darbellay estime qu'il vaut mieux prévenir et ne pas se retrouver dans la même situation que l'Allemagne ou de la Grande-Bretagne.
Réactions contrastées
certains élus à gauche estiment que le retrait du passeport est une mesure qui flirte avec le populisme.
Au sein même du PDC, certains conseillers aux Etats ont aussi marqué leur surprise, notamment sur le retrait préconisé du passeport.
Interrogée mercredi dans l'émission "Forum" de la RTS, la directrice d'Amnesty International Suisse Manon Schick estime que "le PDC fait fausse" route avec des mesures qui risquent plutôt de renforcer une certaine stigmatisation.