Le nombre d'étudiants dans le secondaire II et le tertiaire en Suisse est passé de 441'687 à 627'270 de 1990 à 2012, soit un bond de 42%. Dans le même temps, le nombre de boursiers a baissé de 10%, de 51'287 à 45'979, selon un rapport de l'OFS. En un peu plus de 20 ans, la part des bénéficiaires a ainsi reculé de 11,6% à 7,3%.
Nombre d'étudiants et de bénéficiaires de bourses:
Dans le même temps, le montant total des bourses versées par les cantons a augmenté de 246,3 millions à 297,7 millions de francs (+21%). Malgré cette hausse, les chiffres, à prix constants, affichent une baisse de 8%, selon l'OFS.
Nombre d'étudiants et montant des bourses (1990 = indice 100):
Coûts en hausse, bourses en baisse
Le conseiller national PS Mathias Reynard regrette cette évolution, le coût des études, notamment les taxes universitaires et les frais de logement, ayant eux pris l'ascenseur. "Les politiques sont d'accord de mettre des moyens dans l'éducation en général, mais pas pour en assurer l'accès au plus grand nombre", déplore-t-il.
Pour Raymond Werlen, secrétaire général de la Conférence des recteurs des universités suisses (CRUS), "il faut faire la part des choses: les bourses visent à assurer un niveau de vie minimum pour les étudiants, mais n'ont pas pour objectif de financer le coût des études."
Les aides à l'opposé du PIB
Toujours sur la même période, le produit intérieur brut (PIB) par habitant de la Suisse a crû de 48% entre 1990 et 2012. Les bourses d'études n'ont donc pas suivi l'évolution économique du pays.
Toutefois, la meilleure santé financière des ménages suisses pourrait expliquer en partie ce relatif désengagement des autorités en faveur de la démocratisation des études post-obligatoires.
Evolution du PIB par habitant et des bourses allouées:
Plus de bourses, plus d'étudiants?
Le montant moyen des bourses d'études était de 6482 francs en 2012. Dans le détail, les élèves du secondaire II bénéficiant d'une aide recevaient 5157 francs en moyenne, contre 8007 francs pour les boursiers du degré tertiaire.
Une hausse de ces montants ainsi que du nombre de bourses accordées pourrait être utile pour les Suisses disposant d'une capacité financière insuffisante pour se lancer dans des études, relève Raymond Werlen. Toutefois, cela ne conduirait pas à une hausse massive du nombre d'étudiants, ce qui d'ailleurs n'est pas forcément souhaitable, estime-t-il.
dk/mre
Fortes disparités cantonales
Le fait de toucher une bourse "ne dépend pas de votre situation financière, mais du canton dans lequel vous résidez", dénonce le conseiller national PS Mathias Reynard.
En termes de dépenses par habitant, de fortes disparités cantonales sont en effet constatées. Le Jura consacrait 80 francs par habitant pour les bourses d'études en 2012, alors que Glaris ne dépensait que 16 francs par habitant.
Par ailleurs, plus de 20% des universitaires et des étudiants des HES recevaient une bourse dans le Jura, en Valais, dans les Grisons et en Appenzell Rhodes-Intérieures. A l'opposé, moins de 5% des étudiants zougois et zurichois avaient cette chance.
Etudes et travail rémunéré
Pour financer leurs études, quelque 70% des étudiants suisses possèdent un travail rémunéré à côté des cours, selon l'OFS. Il s'agit d'un des taux les plus élevés parmi les pays européens.
Pour Mathias Reynard, cela n'est pas nécessairement dommageable, à condition que le travail n'empiète pas trop sur le temps consacré aux études. D'autant plus qu'avec le système de Bologne, il est désormais plus difficile de travailler à côté des études, selon lui.