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Plaintes retirées au procès du photographe genevois Christian Lutz à Zurich

Le photographe-reporter Christian Lutz. [Fred Choffat]
Plaintes retirées au procès du photographe Christian Lutz à Zurich / Le 12h30 / 1 min. / le 23 septembre 2014
Le procès du photographe genevois Christian Lutz, mardi à Zurich, s'est achevé sur un retrait des plaintes pour atteinte à l'image déposées par une église évangélique. Une jurisprudence en la matière a été évitée.

Les 21 membres de l'église évangélique zurichoise ICF - l'une des églises libres les plus importantes de Suisse - ont retiré leur plainte pour atteinte à l'image à l'encontre du photographe Christian Lutz, à l'issue d'une matinée de négociations mardi lors du procès qui se tenait à Zurich. Les juges n'ont finalement pas eu à trancher la question de fond, évitant du même coup une jurisprudence.

Au cœur du litige: un livre de photos sur la communauté, dont la publication avait été interdite. L'enjeu ne portait plus que sur l'utilisation future des centaines de clichés réalisés. Les plaignants souhaitaient que leur publication éventuelle soit soumise à autorisation de la part des personnes identifiables.

Eviter à tout prix une jurisprudence

Christian Lutz refusait cette obligation au nom de la liberté des médias et des arts. L'enjeu était important, car une jurisprudence pouvait sérieusement compliquer le travail des photographes et des cameramen. Les juges ont tout fait pour éviter de devoir prononcer un jugement sur cette délicate question.

A l'issue des débats, Christian Lutz s'est montré soulagé. Mais il a regretté à demi-mot que la justice n'ait pas tranché.

Rouven Gueissaz/oang

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Ère de la "tout-communication"

"C'est le premier procès de ce type, et j'ai peur que ce ne soit pas le dernier", a affirmé Christian Lutz mardi dans "Le Journal du matin" de la RTS.

Le photographe a regretté l'ère actuelle de la "tout-communication", où tout passe "par des filtres", et dans laquelle le photographe doit néanmoins continuer à apporter un témoignage anthropologique.

"Le débat aujourd'hui porte sur la liberté d'opinion", a-t-il encore dit.

"Il y a le risque qu'une instance judiciaire vienne à dire qu'il y a un droit quasi absolu de la personne privée à la protection de son image", a affirmé de son côté Bertil Cottier, professeur en droit de la communication.

Premier procès du genre en Suisse

Chritian Lutz avait suivi les activités de l'église ICF pendant plus d'une année.

Fin 2012, alors que son ouvrage "In Jesus' Name" venait d'être publié, 21 membres de la communauté ICF avaient déposé plainte et obtenu l'interdiction de l'ouvrage.

Les plaignants reprochaient à Christian Lutz d'avoir publié des photos sans leur consentement.

Il s'agissait du premier procès d'envergure en Suisse portant sur le droit à l'image.