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"Le système de l'assurance maladie est devenu incontrôlable"

Selon P.-Y. Maillard, l'autorité de surveillance pourrait imposer un plan d'assainissement fin 2013. [Jean-Christophe Bott - Keystone]
Pierre-Yves Maillard est partisan du "oui" à la caisse unique en votation dimanche. - [Jean-Christophe Bott - Keystone]
Le conseiller d'Etat vaudois en charge de la Santé Pierre-Yves Maillard et son homologue genevois Mauro Poggia ont dénoncé jeudi la hausse "excessive" des primes de l'assurance maladie obligatoire.

Les réactions politiques suite à l'annonce jeudi d'une hausse moyenne de 4% des primes de l'assurance obligatoire des soins n'ont pas tardé à tomber. Le conseiller d'Etat vaudois Pierre-Yves Maillard n'a pas hésité à parler d'un "système incontrôlable", alors que le Genevois Mauro Poggia regrette une augmentation "excessive".

>> Lire : Les primes maladie augmenteront en moyenne de 4% en 2015

"Système incontrôlable"

Les hausses sont "à peu près conformes" à ce que les assureurs avaient annoncé sous le couvert d'un secret relatif depuis quelques semaines, a déclaré Pierre-Yves Maillard. "Je constate que les discours de propagande se fracassent aujourd'hui sur la dure réalité des chiffres". 

"Tout ce que l'on nous a dit sur le fait que l'on allait améliorer la compensation des risques en 2012 pour 2015, tout ça c'est du vent. Le système est devenu incontrôlable", a affirmé le conseiller d'Etat vaudois.

"On nous prend ce qu'on nous donne"

A Genève, le conseiller d'Etat en charge de la Santé Mauro Poggia a jugé excessive la hausse 3,4% des primes dans son canton. "On nous prend d'une main ce qu'on nous donne de l'autre avec le remboursement des primes excessives", a-t-il déclaré.

"On va nous rembourser 85 francs de primes chaque année sur trois ans, alors que la facture va augmenter de plus de 200 francs sur l'année 2015.

"Les hausses massives n'ont pas eu lieu"

Interrogé par RTSinfo, le conseiller national Guy Parmelin (UDC/VD), opposé à l'initiative "Pour une caisse publique", souligne quant à lui que "sauf à Neuchâtel, l'augmentation en Suisse romande est inférieure à la moyenne suisse". "Cela montre que certains ont essayé de manipuler l'opinion en brandissant la menace de hausses massives allant jusqu'à 14% sans préciser qu'il s'agissait des augmentations maximales et non des moyennes", précise-t-il.

Même son de cloche chez Isabelle Moret (PLR/VD). "Je regrette la hausse de primes, mais je suis aussi soulagée de voir qu'elle n'atteint pas les sommes astronomiques que certains avaient annoncé dans les journaux", réagit-elle, soulignant qu'une caisse publique ne serait de toute façon pas une solution car "elle supprimerait toute pression à la baisse sur les coûts".

Rappel des primes par canton en 2015:

ats/gchi/jgal

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La votation de dimanche en question

Le choix du conseiller fédéral Alain Berset d'annoncer les hausses de primes à la même période que les autres années, sans tenir compte de la votation du 28 septembre, a suscité des réactions diverses selon les bords politiques.

D'un côté, le comité interpartis "Non à la caisse unique" a dénoncé une annonce trop tardive qui aurait "été détournée au profit de la caisse unique". "Certains conseillers d'Etat n'ont pas hésité à annoncer cet été des hausses massives des primes", dénonce un communiqué publié jeudi.

Parmi eux, le Vaudois Pierre-Yves Maillard juge à l'inverse que "tout a été fait pour que (cette annonce) n'ait pas d'influence". "Il reste trois jours aux gens pour montrer qu'ils ne se laissent pas duper", a-t-il souligné.

La perspective de cette votation ne semble pas amener les assureurs à une stratégie subtile pour faire passer la pilule, a de son côté relevé Mauro Poggia.

"La hausse reflète la qualité" des soins

Santésuisse, faîtière des assureurs, a fait valoir dans un communiqué que cette hausse était "conforme à ses estimations".

Elle rappelle que "notre système de santé a un coût qui reflète son excellente qualité."

Pour les assureurs, c'est le fort volume des prestations ambulatoires fournies par les hôpitaux et les cabinets médicaux qui engendrent une nouvelle hausse des coûts de la santé. Il est dès lors logique que les primes augmentent aussi, assure la faîtière.

Les primes vont continuer à augmenter

Pour le conseiller fédéral Alain Berset, les coûts et les prix de la santé vont continuer à augmenter ces prochaines années.

Les primes maladie suivront la même tendance. Le but est de maîtriser ces coûts et d'éviter les chocs, a rappelé jeudi le ministre de la santé.

"Le statu quo n'est pas une option, nous devons agir avec tous les acteurs pour maîtriser l'évolution des coûts", a affirmé Alain Berset. Il a également rappelé le credo selon lequel "les primes doivent couvrir les coûts".