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Un humanitaire suisse menacé après avoir tweeté sur l'Etat islamique

Oscar Bergamin, photographié en 2010 à l'occasion d'un séminaire du Conseil central islamique à Disentis (GR). [Arno Balzarini]
L'étrange parcours du Suisse menacé par le groupe Etat islamique / Forum / 2 min. / le 1 octobre 2014
Un Suisse travaillant pour une organisation humanitaire à la frontière turco-syrienne a reçu de multiples menaces de mort après avoir posté sur Twitter les coordonnées d'un bunker de l'Etat islamique.

Grison converti à l'islam, Oscar Bergamin travaille pour une organisation humanitaire à la frontière entre la Turquie et la Syrie. Il a posté sur Twitter vendredi dernier les coordonnées d'un bunker de l'Etat islamique en Syrie, déclenchant une vague de menaces sur le réseau social.

Selon le magazine américain Mother Jones, qui révèle l'information, Bergamin, qui a depuis lors dû verrouiller son compte Twitter, a reçu de multiples messages de djihadistes lui disant qu'ils allaient "venir pour monsieur le travailleur humanitaire" et que cet espion de la CIA serait décapité.

Pour guider les frappes américaines

Le Suisse a précisé au magazine que le bunker n'est pas caché du tout et qu'il partageait l'information afin que l'armée américaine puisse le détruire.

L'humanitaire a aussi admis à Mother Jones que ce tweet n'était pas une bonne idée et qu'il était dû à sa colère et sa frustration en voyant des milliers de réfugiés affluer en Turquie à cause de l'EI.

"Je ne suis pas un espion", conclut Bergamin, aussi interrogé par le Blick.

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"Ils ne me font pas peur"

Interviewé mercredi dans "Le 12h30", sur La Première, Oscar Bergamin a minimisé son geste.

"Cela faisait près de six mois que je voyais ce bunker avec ces drapeaux noirs. Je connais les horreurs que commet le groupe Etat islamique, j'ai écrit ce tweet dans un mélange de frustration et de cynisme, et c'était plutôt une plaisanterie."

Et aujourd'hui, malgré ces menaces, le Suisse se sent pas en danger: "Ceux qui propagent des menaces sur Twitter n'ont plus beaucoup de prise sur le terrain. Ils ne me font pas peur".

L'étrange parcours du Suisse menacé

Citoyen grison né aux Pays-Bas, Oscar Bergamin, 50 ans, a fondé l'année passée l'organisation humanitaire Ash-Sham Care afin d'aider les Syriens fuyant le groupe Etat islamique.

Catholique converti à l’islam en 2005, Bergamin a fait partie de l’équipe de Nicolas Blancho au Conseil central islamique suisse entre 2009 et 2011, avant de le quitter.

Selon une source proche des services de renseignements, il se vante d’entretenir des liens étroits avec le mouvement Al-Nosra, organisation islamiste en concurrence parfois sanglante avec le Groupe Etat Islamique. Avec son activisme sur les réseaux sociaux, il est ainsi soupçonné d’attiser une guerre des clans djihadistes.

Joint jeudi au téléphone en Turquie, Oscar Bergamin estime cependant que "c’est un non-sens" de lui prêter des liens avec Al-Nosra.

Quand on le confronte aux informations qui circulent sur lui à Berne, ce catholique converti à l’islam admet tout au plus "avoir parfois des informations sur Al-Nosra".

"Mais cela ne veut pas dire que j’ai des liens avec ce mouvement. Mon travail humanitaire se déroule dans des zones ou ni Al-Nosra, ni le groupe Etat Islamique ne sont actifs", précise-t-il.