Fervent partisan de la voie bilatérale avec l'Union européenne, le milliardaire bernois Hansjörg Wyss se propose de s'investir financièrement pour défendre cette cause. Lors d'une conférence consacrée aux conséquences du vote sur l'immigration de masse, organisée jeudi par l'Université de Zurich, il a exprimé également ses vives inquiétudes pour l'avenir de la recherche en Suisse.
Ancien patron de l'entreprise Synthès, âgé aujourd'hui de 79 ans, Hansjörg Wyss s'en prend à l'esprit de fermeture qui - à ses yeux - règne aujourd'hui en Suisse. Interrogé dans l'émission "Forum" de la RTS, il estime que la votation du 9 février ne nous a créé que des problèmes. "On a barricadé les chances pour nos jeunes, ils ont besoin d'une collaboration internationale. Sans cela, ils n'ont aucune chance", souligne-t-il.
Un "réduit scientifique et économique"
"Moi je suis là pour représenter cette opinion de quelqu'un qui est un peu plus âgé et qui dit: si la Suisse se retire dans le réduit scientifique et économique, et veut s'isoler, elle n'a aucune chance. Et nos enfants non plus", poursuit l'ancien entrepreneur.
Hansjörg Wyss ne croit pas à la possibilité, pour la Suisse, de se débrouiller toute seule. "Parce que la Suisse dépend du monde entier. Elle est de facto - non pas un membre de l'Union européenne - mais un membre du monde".
"Il faut maintenant dire la vérité avec un peu de courage", insiste Hansjörg Wyss. Il faut rester prudent avec l'initiative acceptée par le peuple, reconnaît-il, avant d'estimer qu'il faut cependant revenir en arrière et changer ce qui a été décidé, mais démocratiquement.
Le milliardaire se dit prêt à soutenir financièrement une campagne en ce sens, par exemple d'Economiesuisse.
Esther Coquoz/oang
Un duel de géants face à Christoph Blocher
Avec son soutien aux bilatérales et ses allusions au "réduit" suisse, Hansjörg Wyss s'oppose frontalement à un autre géant de l'économie, Christoph Blocher.
Le milliardaire bernois s'est engagé financièrement dans le projet de Campus Biotech à Genève en rachetant les locaux de Merck Serono avec son partenaire Eernesto Bertarelli.
L'ancien entrepreneur vit aujourd'hui aux Etats-Unis où son influence est aussi importante.
En 2008, il avait offert 125 millions de dollars à Harvard - le plus grand don jamais effectué par une seule personne dans l'histoire de cette université.