Lorsqu'ils évoquent les conséquences qu'aurait l'initiative Ecopop - soumise à votation le 30 novembre - sur l'immigration, les initiants et le Conseil fédéral énoncent des chiffres bien différents.
Philippe Roch, du comité d’initiative, répète à l'envi que si on avait appliqué cette limite de 0,2% à l’année 2013, "cela aurait permis l’arrivée de 96'000 nouveaux étrangers". Pour lui, "ce n'est donc pas une fermeture des frontières!"
Quotas équivalents à la moitié d'un stade par an
"Cette initiative fixe des limites très rigides: 0,2 % par année d’immigration nette, cela fait environ 17'000 personnes", a dénoncé de son côté Simonetta Sommaruga lors du lancement de la campagne du gouvernement contre le texte.
96'000? 17'000? La différence est importante et s'explique par le fait que les deux camps ne font pas le même calcul.
Avec 8 millions d’habitants, l’initiative Ecopop autoriserait une augmentation nette de la population d'un peu plus de 16'000 étrangers (0,2% de 8 millions), exactement ce que dit la conseillère fédérale. Un solde migratoire qui représente la capacité de la moitié du stade de Suisse.
167'000 étrangers sont arrivés en Suisse en 2013
Philippe Roch s’intéresse pour sa part au nombre d’étrangers qui auraient pu entrer en Suisse l’an dernier, si le quota proposé par son initiative avait été appliqué.
En ajoutant, aux 16'000 personnes autorisées par le quota, les "places libérées" par les départs des étrangers de Suisse (78'000 en 2013), la Suisse pourrait accueillir 94'000 personnes.
Et encore un peu plus si l'on considère que le pays a "perdu" 2000 résidents suisses en 2013 (28'000 émigrants contre 26'000 immigrants).
Le chiffre avancé par Philippe Roch est ainsi correct. En revanche, il s'agirait bien d'une fermeture des frontières: en 2013, 167'000 étrangers ont immigré en Suisse, soit 40% de plus.
Séverine Ambrus, Tybalt Félix, Pauline Turuban