L'initiative "Sauvez l'or de la Suisse" lancée par l'UDC vise à conserver les réserves d'or dans les coffres de la Banque nationale suisse (BNS). Le texte veut empêcher la BNS de vendre son or et l'empêcher de miser sur des devises étrangères jugées incertaines.
Concrètement, la BNS - qui possède actuellement 1040 tonnes d'or, soit 60 milliards de francs - aurait cinq ans pour acheter massivement du métal jaune. De même, elle aurait deux ans pour rapatrier les stocks déposés à la banque d'Angleterre (20%) et à la banque du Canada (10%).
Pour: une garantie d'indépendance
Pour les partisans, qui estiment que la BNS est à la merci de la Banque centrale européenne et de la Fed américaine, l'or est une garantie d'indépendance.
Les initiants veulent réparer l'erreur faite en "bradant" les réserves d'or (lire l'encadré ci-dessous) et ramener la part en or des actifs de la BNS à 20%.
Contre: un manque de liberté d'action
Les opposants à l'initiative craignent que la BNS ne puisse plus mener une politique monétaire indépendante pour assurer la stabilité des prix. Selon eux, des emplois dans les secteurs industriels et financiers pourraient même être menacés.
Ils rappellent également que le cours de l'or peut être un placement hasardeux, comme en témoigne sa chute en 2013 qui a fait perdre 15 milliards de francs à la BNS.
De plus, les opposants estiment que les cantons pourraient être perdants dans la mesure où ils ne toucheraient pas d'intérêts ou de dividendes sur des stocks d'or, alors qu'ils reçoivent maintenant deux tiers des bénéfices de la BNS.
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Les mots d'ordre
Tous les partis se sont prononcés contre l'initiative, y compris le comité central de l'UDC qui s'est désolidarisé du texte issu de ses propres rangs.
Au niveau des associations, Economiesuisse et la Société suisse des entrepreneurs refusent aussi l'initiative.
Plusieurs sections cantonales de l'UDC, dont la genevoise, la valaisanne et la jurassienne, se sont elles prononcées en faveur du texte.
Débat depuis douze ans
La vente de 1550 tonnes d'or par la Banque nationale (BNS) a fait grand bruit dans les années 2000. Les partis se sont déchirés pour savoir à qui attribuer les 21 milliards rapportés par l'opération.
L'UDC voulait tout donner à l'AVS, le Parlement a concocté un compromis prévoyant la création d'une Fondation suisse solidaire. Ces deux solutions ont échoué en votation populaire en 2002.
Ministre des finances à l'époque, Hans-Rudolf Merz a ensuite imposé sans autre forme de procès sa solution: donner deux tiers de la manne aux cantons et un tiers à la caisse fédérale. Ce qui lui a valu beaucoup de critiques.
L'AVS n'est finalement pas repartie les mains vides: elle a obtenu les 7 milliards attribués à la Confédération. Ce compromis a été trouvé pour répondre à une initiative de la gauche portant sur la répartition des bénéfices de la Banque nationale et rejetée en 2006.