De plus en plus, chacun décide pour lui-même en quoi il veut croire et comment il entend pratiquer. Le libre choix de la religion met les communautés de croyants sous pression, car elles entrent en concurrence avec des loisirs séculiers, explique une étude sur la spiritualité des Suisses réalisée par des sociologues des religions de Lausanne et de St-Gall soutenue par le Fonds national suisse (FNS).
Baptisée "Religion et spiritualité à l’ère de l’ego", l'étude constate que les croyances sont de moins en moins collectives et que la sphère religieuse se trouve davantage en concurrence avec les loisirs. Aujourd'hui, une majorité de Suisses se disent croyants mais non pratiquants.
Une évolution remontant aux années 60
Pour expliquer cette évolution, les auteurs de l'étude évoquent un important changement survenu dans les années 60: la société s'est peu à peu enrichie et individualisée, les offres séculières concurrençant toujours plus les offres religieuses.
Nous sommes désormais dans l'ère de l'ego et d'une religion à la carte, concluent les sociologues.
Marc Menichini/oang
Encore une majorité de croyants
57% des personnes interrogées dans le cadre de cette étude appartiennent à la catégorie dite des "distants": ils croient en Dieu mais ne savent pas comment le définir. Ils rejettent cependant l'athéisme militant.
Seules désormais 18% disent pratiquer activement une religion.
Les autres personnes interrogées sont tournées vers les spiritualités alternatives comme l'ésotérisme (13%) ou se disent laïques (12%).
Etude unique en son genre
Les sociologues des religions de Lausanne et St-Gall ont effectué l’étude la plus exhaustive jamais réalisée sur ce sujet.
Ils ont évalué la religiosité et la spiritualité de la population suisse sur la base d’une enquête représentative menée auprès de 1229 personnes, de 73 interviews approfondies et d’une exploitation de nombreuses autres sources de données
Les scientifiques ont consigné leurs résultats dans un livre dont la version française, "Religion et spiritualité à l’ère de l’ego. Quatre profils d’(in-)fidélité", paraîtra au printemps 2015 chez Labor et Fides.