La dernière affaire de corruption qui secoue le monde politique espagnol - et qui a mené à une cinquantaine d'arrestations lundi - découle d'une enquête suisse. La presse ibérique raconte que l'envoi d'une commission rogatoire à la justice espagnole en décembre 2013 a déclenché l'investigation, dénommée "Punica".
Les journaux ibériques assurent que l'Espagne a reçu de la Suisse des informations sur des mouvements suspects sur les comptes helvétiques de Francisco Granados, ancien secrétaire général du Parti populaire (PP, droite) à Madrid, et de David Marjaliza, entrepreneur actif dans le bâtiment, considérés tout deux comme des personnes exposées politiquement (PEP).
Francisco Granados détenait au moins un compte chez BNP Paribas à Genève. Les établissements où étaient ouverts les autres comptes ne sont pas encore connus. Au total, les deux hommes auraient déposé 5,8 millions d'euros (7 millions de francs), rapporte El Pais mercredi.
Deux commissions rogatoires suisses
Le Ministère public de la Confédération (MPC) a confirmé à la RTS mener une procédure pénale contre inconnu pour soupçon de blanchiment suite à une annonce du Bureau de communication en matière de blanchiment d’argent (MROS) à Berne.
Dans le cadre de cette instruction, le MPC atteste avoir requis l’assistance des autorités espagnoles par la voie de l’entraide judiciaire en transmettant deux commissions rogatoires.
- Mise à jour du jeudi 30 octobre:
La justice espagnole a confirmé dans une ordonnance datée du mercredi 29 octobre que la commission rogatoire suisse se trouvait à l'origine de l'enquête:
Marc Renfer
La longue liste des affaires hispano-helvétiques
L'opération Punica vient s'ajouter à une longue liste d'affaires mêlant politiciens espagnols et banques suisses.
L'ancien trésorier du Parti populaire Luis Barcenas est actuellement emprisonné en Espagne, poursuivi pour évasion fiscale et soupçonné de corruption suite à la découverte de comptes hébergés chez Lombard Odier et Dresdner à Genève.
Luis Barcenas - qui a accumulé plus de 30 millions d'euros - a été d'autre part inculpé en 2009 dans le cadre de "l'affaire Gürtel", un scandale de corruption qui empoisonne la droite espagnole, où des millions ont transité par la Suisse.
Famille royale et Catalogne
Le scandale entourant la famille royale concerne également la Suisse, où le beau-fils de Juan Carlos, Inaki Urdangarin, est soupçonné d'avoir déposé de l'argent public détourné.
La Catalogne n'est pas en reste, une enquête s'intéresse actuellement aux fonds helvétiques liés à la famille de Jordi Pujol, ancien Président de la région autonome.
L'opération Punica
L'opération espagnole se concentre sur un réseau de corruption actif dans les régions de Madrid, Murcia, Leon et Valence.
Des entrepreneurs du bâtiment auraient versé des commissions illégales à des politiciens et fonctionnaires afin de mettre la main sur des contrats publics.
Les autorités espagnoles estiment que les responsables impliqués ont touché environ 3% d'un total de 250 millions d'euros sur deux ans.