L'initiative "Sauvez l'or de la Suisse" lancée par l'UDC a été balayée dimanche en votation fédérale par 77,3% des voix. Tous les cantons du pays sauf le Tessin (66,7%) ont rejeté à plus de 70% ce texte qui visait à conserver les réserves d'or dans les coffres de la Banque nationale suisse (BNS) en empêchant cette dernière de vendre son précieux métal.
Ce rejet net mettra fin aux spéculations boursières qui ont émaillé la campagne. Le cours de l'or avait alors joué au yoyo au fil de la publication des sondages. Seuls près de 581'000 votants ont glissé un oui dans l'urne. Ils ont en revanche été environ 1,974 million à refuser de mettre des bâtons dans les roues de la BNS.
Record vaudois
La plus forte opposition a été enregistrée dans le canton de Vaud (83%), dans le Jura (80,6%) et à Neuchâtel (80%). Les refus les plus faibles viennent du Tessin (66,7%), de Schwyz (70,7) et de Schaffhouse (71,5%). Fribourg repousse l'initiative à 78,7, le Valais à 76,9%. Genève à 76,5%. Le non bernois affiche 78,4%.
L'initiative, lancée par une frange de l'UDC, aurait interdit toute vente de métal jaune. Elle demandait en sus de ramener dans les cinq ans la part en or des actifs de la BNS à au moins 20%. Dernière exigence: rapatrier en deux ans les 20% des stocks entreposés à la banque d'Angleterre et les 10% aux mains de la banque du Canada.
ats/gax
Les réactions
Pour les initiants, le texte "Sauvez l'or de la Suisse" aura permis d'obtenir des réponses à plusieurs questions concernant la politique financière du pays. Le lancement d'un nouveau texte n'est pas prévu. Luzi Stamm (UDC/AG) a expliqué cet échec par l'implication de la BNS dans la campagne: "La crédibilité de la BNS est évidemment très élevée", a relevé le conseiller national argovien. Un échec qui ne surprend pas son collègue Yves Nidegger (UDC/GE) "étant donné qu'aucun parti n'était pour le texte".
Le comité des opposants au texte s'est réjoui de ce vote, soulignant que "le peuple suisse a témoigné de l'importance d'avoir une Banque nationale indépendante et libre dans sa capacité d'action". Ajoutant dans son communiqué que "le résultat confirme la confiance de la population envers la BNS et sa politique monétaire des dernières années".
Dans les milieux économiques, le soulagement est aussi de mise. Ainsi, la capacité de manoeuvre de la BNS est maintenue, ont souligné Fernando Martins Da Silva de la Banque cantonale vaudoise (BCV) et Sergio Rossi, professeur d'économie à l'Université de Fribourg.
Débat depuis douze ans
La vente de 1550 tonnes d'or par la Banque nationale suisse (BNS) a fait grand bruit dans les années 2000. Les partis se sont déchirés pour savoir à qui attribuer les 21 milliards rapportés par l'opération.
L'UDC voulait tout donner à l'AVS, le Parlement a concocté un compromis prévoyant la création d'une Fondation suisse solidaire. Ces deux solutions ont échoué en votation populaire en 2002.
Ministre des Finances à l'époque, Hans-Rudolf Merz a ensuite imposé sans autre forme de procès sa solution: donner deux tiers de la manne aux cantons et un tiers à la caisse fédérale.
L'AVS n'est finalement pas repartie les mains vides: elle a obtenu les 7 milliards attribués à la Confédération.