Samedi, la justice égyptienne a levé l'accusation de complicité de meurtres contre Hosni Moubarak pour la révolte de 2011 qui avait fait 800 morts. Il sera désormais difficile de prouver que les fonds de l'ex-président bloqué en Suisse ont été obtenus illégalement, explique Gretta Fenner, directrice du Basel Institute on Governance.
Si aucun jugement n'est émis contre Hosni Moubarak, il ne sera pas possible à la Suisse de les remettre à la population égyptienne, relève-t-elle.
Les deux options
La Suisse a 2 voies différentes pour résoudre l'affaire. La première serait que le ministère public de la Confédération accélère la procédure pour blanchiment d'argent. Il devrait alors prouver l'origine criminelle des fonds, difficile sans preuve fournie par l'Egypte, note-t-elle.
L'autre option serait que le MPC plaide le crime organisé. Cela obligerait l'accusé à démontrer qu'il a gagné légalement cet argent, mais la Suisse se retrouverait dans une position "très délicate" sur le plan diplomatique.
ats/vtom
Ni la Suisse ni l'Egypte ne prennent position
Le MPC et le Département fédéral des Affaires étrangères ont déclaré ne pas vouloir prendre position sur le cas. Le parquet égyptien n'a pas voulu non plus s'exprimer sur le sujet, a fait savoir son porte-parole.
Le Premier ministre égyptien Ibrahim Mahlab a toutefois affirmé à la presse égyptienne que le récent acquittement de Hosni Moubarak n'a aucun rapport avec la question de la restitution des fonds bloqués détenus à l'étranger.
Même scénario qu'avec les fonds Mobutu?
En 2009, la Suisse avait dû remettre plus de 7,7 millions de francs aux héritiers du dictateur congolais Mobutu Sese Seko, le remboursement à la République démocratique du Congo ayant échoué.
650 millions de francs gelés en Suisse
En 2011, la Suisse a gelé 650 millions de francs de l'ex-président égyptien et de son entourage sur décision du Conseil fédéral. Quelque 300 millions de francs de cette somme appartiendraient directement à Alaa et Gamal Moubarak, les fils de l'ex-raïs.
Un tribunal a condamné en mai Hosni Moubarak à trois ans de prison pour enrichissement illégitime. Ses fils ont écopé de quatre ans de prison chacun.
Selon leur avocat genevois, les fonds bloqués par la Suisse ne concernent pas cette affaire. Il exige depuis quelque temps déjà l'abandon de la procédure, le refus de l'entraide judiciaire et la libération des fonds.