Problème majeur de santé publique, la résistance aux antibiotiques va faire l'objet d'une stratégie nationale. Une procédure d'audition touchant la médecine humaine et vétérinaire a été lancée lundi.
Ce projet, lancé par le Département fédéral de l'intérieur (DFI) et le Département fédéral de l'économie, de la formation et de la recherche (DEFR), est soumis aux cantons et aux milieux intéressés jusqu'au 15 mars.
Surveillance systémique
L'une des principales mesures consiste en la surveillance systématique multisectorielle de l'antibiorésistance dans les domaines de l'être humain, des animaux, de l'agriculture et de l'environnement. Il faut en outre améliorer la prévention afin de garantir à long terme l'efficacité de ces médicaments.
Il est également important d'éviter que des antibiotiques soient utilisés de façon inappropriée. Ainsi, les infections des voies respiratoires, souvent de nature virale, sont pourtant fréquemment traitées, à tort, avec ces médicaments.
ats/lan
Il y a urgence
"Il y a urgence", insiste la socialiste genevoise Liliane Maury-Pasquier, présidente de la commission de la santé du Conseil des Etats, "puisqu'on a constaté au fil des années que de plus en plus de bactéries devenaient résistantes aux antibiotiques, ce qui pose des problèmes considérables pour un certain nombre de maladies".
Méthodes d'élevage aussi dans le collimateur
Aux côtés des préoccupations en matière de santé humaine figurent également celles qui touchent à l'élevage des animaux.
"Très souvent, on utilise des antibiotiques dans des élevages industriels ou pour faire grossir plus rapidement les animaux d'élevage", rappelle le conseiller national Christian Van Singer (Verts/VD). "Ce n'est pas normal qu'on mette en danger la santé humaine simplement pour gagner davantage avec des méthodes d'élevage qui devraient être abandonnées."
10 millions de morts en 2050
Une commission d'experts réunie par le gouvernement britannique estime lundi que la résistance aux antibiotiques sera à l'origine de "10 millions de morts par an" dans le monde en 2050, provoquant une érosion du PIB mondial de 2% à 3,5%.
Les morts surviendraient principalement en Asie (4,7 millions) et en Afrique (4,1 millions). En Europe, l'étude prévoit une moyenne annuelle de 390'000 morts. Elle serait de 317'000 aux Etats-Unis.
Cela deviendrait la première cause de mortalité dans le monde devant le cancer qui tuerait 8,2 millions de personnes, le diabète (1,5 million de morts par an), les maladies diarrhéiques (1,4 million) ou les accidents de la route (1,2 million).