"C'est plus que la liberté d'expression qui a été attaquée, c'est l'Etat de droit dans son ensemble", a relevé jeudi matin le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet, invité du Journal du Matin sur la RTS au lendemain de l'attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, à Paris.
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Selon Pierre Maudet, deux éléments constitutifs de l'Etat de droit ont été visés: le contre-pouvoir que représente la presse et la liberté d'expression ainsi que le pouvoir et l'autorité qui ont été attaqués de façon extrêmement violente avec une charge symbolique extraordinairement forte. "C'est pourquoi cet événement aura un retentissement comparable au 11-Septembre", a-t-il souligné.
Sécurité renforcée à Genève
Chargé de la sécurité à Genève, Pierre Maudet juge un tel événement possible en Suisse quoique peu probable. Citant le commandant de la police neuchâteloise Pascal Luthi, il répète: "On ne peut pas bunkériser toutes les rédactions de Suisse romande sauf à considérer qu'on va dans le sens d'un état de guerre. Ce serait toutefois admettre notre défaite".
Les autorités doivent toutefois examiner si le niveau de protection des cibles potentielles est à jour. A Genève, le niveau de sécurité a été augmenté. "On est habitués à réagir rapidement car c'est la cité des droits de l'homme, le lieu de discussions importantes. Il n'y a pas de neutralité par rapport au terrorisme", rappelle le ministre.
Dans le cas actuel, plus que des rédactions, ce sont surtout des lieux exposés au risque de stigmatisation des musulmans qui ont été protégés.
Forces de l'ordre mieux préparées
De façon plus globale, le Genevois appelle à renforcer la capacité de renseignement de la Suisse - par le biais d'un des ses chevaux de bataille à savoir la création d'un fichier national des détenus dangereux - pour prévenir et détecter certaines menaces. "Renforcer l'Etat de droit, c'est aussi se donner plus de moyens. On en est encore à l'ère glaciaire en Suisse. Les instruments législatifs doivent être mis à jour", estime Pierre Maudet.
Souvent pointée du doigt, la préparation des forces de l'ordre a commencé à être revue depuis l'affaire Breivik en Norvège en 2011. "La police a désormais davantage de matériel à disposition dans les voitures. C'est très délicat car c'est des signaux qu'on donne. Est-ce qu'on se met en état de guerre visible en donnant des signaux tels que mettre des policiers harnachés dans les rues ou est-ce qu'on garde une certaine proportionnalité?".
jgal