Le Comité d'Egerkingen, qui avait obtenu l'interdiction des minarets en votation fédérale en 2009, veut prohiber désormais le port du voile intégral et la dissimulation du visage dans les lieux publics. Il annonce mardi sa volonté de lancer une initiative populaire en ce sens au niveau fédéral, sur la base d'un texte similaire à celui approuvé l'an dernier au Tessin.
Proche de l'UDC, le comité réclame l'interdiction de "la dissimulation du visage pour quelque but que ce soit - aussi bien celle ayant un objectif criminel que celle étant motivée par des raisons religieuses".
Il va déposer le texte à la Chancellerie fédérale ces prochains jours pour y être examiné. Le début de la récolte des signatures est prévu dans le courant du printemps.
"Inacceptable" face à la menace terroriste
"Dans un pays libre, on exprime sa libre opinion sans dissimuler son visage, en personne libre, face à face", écrivent les initiants dans un communiqué. Ils estiment "inacceptable" des gens qui cachent leur propre personne ainsi que ce qu'ils portent avec eux dans l'espace public "à une époque où le terrorisme de l'Etat islamique s'étend en Europe".
ats/oang
Incompatibilité avec nos coutumes
Vice-président de l'UDC et membre du Comité d'Egerkingen, Oskar Freysinger a justifié dans l'émission Forum de la RTS le lancement d'une initiative à l'échelon fédéral en prenant l'exemple de la Belgique et de la France.
"C'est suffisamment important pour être appliqué sur tout le territoire suisse (…). Nous avons une loi, une manière de concevoir l'égalité homme-femme (...) et il faut qu'à ce niveau-là, la Constitution soit claire" a-t-il expliqué.
Pour le conseiller d'Etat et conseiller national valaisan, burqa ou niqab sont "absolument incompatibles avec notre ordre, notre droit, nos coutumes".
Face au faible nombre de musulmanes portant de tels voiles aujourd'hui en Suisse, Oskar Freysinger répond qu'il "vaut mieux avoir une législation claire avant que le phénomène prenne de l'essor".
L'initiative tessinoise conforme au droit
En septembre dernier, les citoyens tessinois avaient approuvé à 58,1% une initiative réclamant l'interdiction de se dissimuler le visage dans la rue, les parcs et les transports publics.
La burqa et le niqab ne sont désignés que de manière implicite.
En novembre, le Conseil fédéral a estimé que l'interdiction tessinoise ne viole pas le droit fédéral. Il l'a toutefois jugée inopportune.
Cette interdiction est très proche de la loi française que la Cour de Strasbourg a jugé compatible avec la Convention européenne des droits de l'homme le 1er juillet 2014.