Factuel revient ce mercredi matin sur des propos de Jacques-André Maire: "Ces dernières années, on a constaté que les travailleurs d’un certain âge étaient de plus en plus nombreux au chômage de longue durée", affirmait le conseiller national PS neuchâtelois sur les ondes de RTS La Première.
C'est vrai, si on prend la définition internationale du chômage. En revanche, ça ne l'est pas vraiment si on s'en tient à celle du Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO).
Une question de définition
Si on regarde les chiffres du SECO, au cours des 15 dernières années, le chômage de longue durée, c'est-à-dire de plus d'un an, pour les personnes de plus de 50 ans a connu des variations mais pas de progression notable.
En général, le taux de chômeurs des seniors varie entre 25% et 30%, parfois un peu plus, parfois un peu moins. On parle ici de personnes inscrites auprès des Offices régionaux de placement (ORP).
Le chômage au sens BIT
Mais l'OCDE a publié, de son côté, un rapport très documenté à l'automne dernier, qui indique, lui, une nette progression: de 40% de chômeurs âgés (55-64 ans) en chômage longue durée en 2002 en Suisse, on passe à plus de 58% en 2012.
L'OCDE, elle, se base sur la définition internationale, celle du BIT, qui compte plus large: on ne prend pas seulement en compte les chômeurs inscrits, mais aussi les personnes n'exerçant pas d'emploi ou ayant recherché un travail au cours des quatre semaines précédentes.
Des seniors bien intégrés mais fragilisés
Au-delà des différences de méthodes, une chose est certaine: en Suisse, les seniors sont relativement peu touchés par le chômage, comme le montre le graphique ci-dessous, mais quand ils le sont, ils y restent plus longtemps que les chômeurs appartenant aux tranches d’âge inférieures.
Et cette difficulté des seniors à réintégrer le marché du travail est même, selon l'OCDE, une caractéristique helvétique. Nos chômeurs seniors mettent davantage de temps à retrouver du travail que ceux de la moyenne des pays de l'OCDE.
L'organisation explique cette situation par des raisons économiques - les seniors coûtent plus cher - mais aussi par une forme de discrimination à l'embauche de la part de certains employeurs.
Dans son rapport (disponible ci-dessous), l'OCDE formule d’ailleurs un certain nombre de propositions sur ce point pour favoriser ce retour à l'emploi des travailleurs plus âgés.
Séverine Ambrus/Didier Kottelat
Le rapport de l'OCDE sur les travailleurs âgés en Suisse: