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Le Conseil fédéral tient mordicus à rétablir des contingents

Appliquer le texte sur l'immigration que le peuple a voté n'est pas si simple
Appliquer le texte sur l'immigration que le peuple a voté n'est pas si simple / 19h30 / 2 min. / le 11 février 2015
Malgré la pression de Bruxelles, le Conseil fédéral a décidé d'appliquer au sens strict l'initiative "contre l'immigration de masse". Simonetta Sommaruga a confié à la RTS qu'elle préférerait ne pas revoter.

La Suisse doit généraliser les contingents d'étrangers à partir de quatre mois de séjour. Bruxelles a beau mettre les pieds au mur, le Conseil fédéral continue de miser sur une application stricte de l'initiative sur l'immigration, soucieux de respecter la volonté du peuple exprimée le 9 février 2014.

Le gouvernement a mis son projet en consultation mercredi, quasiment un an jour pour jour après l'acceptation du peuple de l'initiative de l'UDC "contre l'immigration de masse". Le mandat pour renégocier l'accord de libre circulation des personnes a été adopté dans la foulée, malgré l'opposition de Bruxelles (lire ci-dessous).

Trois scénarios avec Bruxelles

Le dossier est "émotionnel" et "très complexe", a rappelé la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga à l'ouverture de la conférence de presse. "Il faut se mettre d'accord avec les 28" de l'Union européenne, a souligné le conseiller fédéral Didier Burkhalter.

Trois scénarios se dessinent dans les pourparlers avec Bruxelles: la Suisse obtient tout ce qu'elle veut, elle n'obtient rien ou elle obtient un résultat intermédiaire.

Priorité aux travailleurs indigènes

Outre le rétablissement des contingents, le projet défend la préférence nationale, avec toutefois une exception pour les domaines où il existe une pénurie de main d'oeuvre.

Par ailleurs, le potentiel indigène sera mieux valorisé, à travers des mesures d'accompagnement. Ce point ne figure pas dans la modification de la Constitution souhaitée par l'UDC, mais elle est "dans l'esprit de l'initiative", a expliqué Didier Burkhalter.

"On veut donner plus de perspectives à l'ensemble des travailleurs", a expliqué le conseiller fédéral, en mentionnant en particulier les personnes âgées, les femmes, les jeunes et les personnes sans diplôme post-obligatoire.

Des mesures seront aussi prises pour que les compétences des réfugiés et de certains handicapés soient mieux utilisées.

ats/bri

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"On est dans une situation d'incertitude"

"En acceptant l'initiative de l'UDC, on savait qu'on se dirigeait vers une période d'incertitude", a relevé mercredi la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga interrogée par la RTS. "Ce que le gouvernement a affiché aujourd'hui correspond à la volonté du peuple", a-t-elle affirmé rappelant que le Conseil fédéral avait toujours été opposé au texte.

Faisant allusion à son récent voyage à Bruxelles, la socialiste souligne que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, "a accepté d'entrer en consultation et non en négociations". Ce qu'elle interprète comme un signe d'ouverture.

"Revoter, c'est toujours possible. On affaiblirait toutefois notre position si on le proposait", conclut-elle. "Maintenant, on doit tout faire pour avoir la meilleure position pour notre pays", a déclaré la présidente refusant d'en dire davantage sur la stratégie du Conseil fédéral. "Peut-être qu'on aura tout ce qu'on voulait, peut-être qu'on n'aura rien. Mais ça, on ne peut pas en décider aujourd'hui", conclut-elle.

Forte immigration en Suisse

L'accord de la libre-circulation est entré progressivement en vigueur depuis 2004.

Environ 80'000 personnes s'installent chaque année en Suisse, en provenance en grande majorité de l'UE.

C'est quatre fois plus qu'en Grande-Bretagne, a souligné Didier Burkhalter mercredi.