Les partis et les organisations professionnelles ont affiché un soutien prudent mercredi au projet de mise en oeuvre de l'initiative contre l'immigration de masse du Conseil fédéral. Seule l'UDC s'est affichée totalement contre.
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La proposition est "timide et tardive", a avancé mercredi le conseiller national zurichois UDC Hans Fehr. Selon lui, le gouvernement "ne veut pas appliquer les mesures les plus efficaces contre l'immigration, soit placer la barre plus haut pour accéder aux prestations sociales ou limiter le regroupement familial".
Si le texte n'est pas mis en oeuvre de manière plus décisive, l'UDC lancera au plus tard début 2016 une initiative pour en finir avec la libre circulation.
Manque de clarté dénoncé
Pour les Verts, le gouvernement fait du surplace. "Aujourd'hui, on n'en sait pas plus qu'il y a un an", a déploré Regula Rytz (BE), co-présidente des Verts, en plaidant pour un modèle clair.
Il manque des chiffres concrets sur les besoins en main-d'oeuvre par branche, a également regretté le PDC.
Euro-compatible
Les Verts demandent que l'application du texte soit compatible avec l'UE. Une idée que soutient le Parti socialiste, selon qui seule une solution qui ne détériore pas "nos relations" avec l’Europe doit être envisagée.
Tout en appuyant la démarche du Conseil fédéral, le PLR et l'USAM (Union suisse des arts et métiers) estiment eux aussi qu'il faut maintenir les accords bilatéraux.
Besoins du marché
Pessimiste, Economiesuisse pense lui que le Conseil fédéral s'engage sur une "voie sans issue". Par ailleurs, pour Economiesuisse, le choix du gouvernement est "rigide et non conforme aux besoins du marché de l'emploi". Il ne respecte pas suffisamment le mandat constitutionnel de tenir compte des intérêts économiques de la Suisse, a renchéri Swissmem (secteur des machines).
Pour l'USAM comme pour Hotelleriesuisse, les quotas ne devraient être appliqués que pour les séjours supérieurs à un an.
Respect des employés
La mise en oeuvre de l'initiative ne doit pas se faire sur le dos des employés, a encore précisé le syndicat Travail.Suisse. Il faut renforcer les mesures d'accompagnement, a renchéri l'Union syndicale suisse (USS), estimant que les contingent vont encourager le travail au noir. Et aux Verts de demander des réformes pour réduire la pression sur les salaires.
ats/bri
Bruxelles sceptique
Comme attendu, la Commission européenne s'est montrée réservée après les propositions du Conseil fédéral.
Le projet de loi ainsi que les nouvelles mesures d'accompagnement seront examinés quant à leur compatiblité avec l'accord de libre-échange entre l'UE et la Suisse, a déclaré la porte-parole de la commission Maja Kocijancic.
La commission a répété qu'elle attend de la Suisse qu'elle respecte les engagements liés à l'accord.
Concernant le mandat de négociations, la commission déclare seulement n'avoir pas reçu de Berne de demande pour de nouveaux pourparlers, à l'exception de la lettre de juillet 2014, à laquelle l'ancienne cheffe de la diplomatie européenne Catherine Ashton "avait répondu par la négative".