Aucun canton n'a soutenu le texte, accusé d'avantager les familles mieux loties et de causer des pertes fiscales importantes. Il a été rejeté par plus de 1,65 million de personnes. Moins de 538'000 l'ont soutenu. Le camouflet est de taille pour le Parti démocrate-chrétien (PDC), qui espérait gagner une manche avant les élections fédérales d'octobre avec sa première initiative depuis plus de 80 ans.
Le texte du PDC exigeait l'exonération fiscale des allocations pour enfants et de formation professionnelle à l’échelon fédéral, cantonal et communal.
"Aider les familles!" a obtenu les moins mauvais scores dans les bastions PDC de Suisse romande. La palme revient au Jura, avec tout de même 57,2% de "non". Fribourg (67,4%) et le Valais (67,8%), qui pratique pourtant une défiscalisation des allocations, suivent.
A Genève, 70% des votants se sont opposés à l'idée, tout comme 71,7% des Neuchâtelois et 74,3% des Vaudois. Au Tessin, le rejet s'inscrit à 70,6%; à Berne, il atteint 79,4%. Glaris affiche pour sa part l'opposition la plus marquée, avec 83,1% de "non".
La carte des résultats:
Freiné par l'incertitude économique
Le soutien officiel de dernière minute de l'UDC n'a pas réussi à assurer une majorité populaire au PDC. Les arguments du Conseil fédéral, des directeurs cantonaux des finances et des autres partis ont convaincu davantage, en période d'incertitude économique.
En cas d'acceptation, la Confédération aurait dû renoncer à au moins 200 millions de francs par an d'impôt fédéral direct. Pour les impôts cantonaux et communaux, la perte annuelle était évaluée à 760 millions. Mais en cours de campagne, les chiffres avaient été revus à la hausse pour atteindre un trou de 3,3 milliards, entre le fisc et les assurances sociales.
Autre problème soulevé par les opposants: la moitié des familles n'aurait guère profité d'une exonération puisqu'elle ne paie pas ou quasiment pas d'impôt fédéral direct. Les bénéficiaires se seraient rangés parmi les ménages affichant un revenu annuel de plus de 90'000 francs.
"La famille reste un combat"
Le président du PDC s'est dit surpris par l'ampleur de la défaite de l'initiative sur les familles. Il l'explique notamment par le contexte difficile des finances publiques, qui a "plombé la campagne." "Nous avons eu une contre-attaque assez forte de nos adversaires, ainsi que des ministres des finances, qui ont certainement exagéré les chiffres", a commenté le conseiller national.
Le Valaisan a néanmoins réaffirmé son combat pour "la famille et la classe moyenne, dans un pays où la baisse de natalité est un fait. La question doit être reprise."
Guillaume Barazzone (PDC/GE), s'est pour sa part inquiété pour l'avenir du financement des retraites, dans un contexte où l'on veut limiter les immigrations, sans soutenir de politique nataliste.
La boîte de Pandore
Du côté des opposants, l'enthousiasme règne: "Excellent!" s'est exclamé le ministre des finances du canton de Vaud Pascal Broulis (PLR), à l'annonce du rejet de l'initiative. "Ce texte menaçait le modèle fiscal suisse: les allocations familiales constituent une partie du revenu, elles doivent donc être imposées."
Les exonérer aurait ouvert une boîte de Pandore. "Si vous commencez à les exclure de l'impôt, vous n'arrêtez plus", d'autres soutiens pourraient être susceptibles de bénéficier du même régime. Et le grand argentier vaudois de se réjouir d'avoir pu préserver 83 millions de recettes fiscales, qui seraient passés à la trappe en cas d'acceptation du texte du PDC.
Le CF va continuer à agir pour les famille, selon Widmer-Schlumpf
Eveline Widmer-Schlumpf a de son côté commenté ces résultats devant la presse au nom du Conseil fédéral.
La ministre grisonne a noté que "la discussion sur les familles n'est pas terminée avec le rejet de cette initiative". Le gouvernement a déjà pris des mesures pour les familles, selon elle, et il va continuer.
agences/fme