"Le peuple n'a pas dit non à une fiscalité écologique, mais à un modèle de financement de transition énergétique qui présentait un certain nombre de risques", a indiqué François Vuille, directeur du développement du Centre de l'Energie à l'EPFL, invité à la RTS au lendemain du non à la taxe sur l'énergie. Cette taxe s'appuyait sur la consommation de biens fossiles, dont l'évolution est trop incertaine, explique le spécialiste.
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Le projet des Vert'Libéraux constituait en outre une "révolution fiscale drastique" alors que le système de TVA actuelle fonctionne relativement bien.
Enfin, "on n'a pas besoin de beaucoup" pour apporter un mode de financement adéquat à la transition énergétique, selon François Vuille. D'autant que le coût d'investissements ne sera pas supérieur à celui du renouvellement du parc énergétique. Il faudra de toute façon remplacer nos vieilles centrales nucléaires par quelque chose, explique-t-il.
Mieux équilibrer le modèle 'pollueur-paieur'
Ce qu'il faut surtout "c'est plus d'équité dans le modèle de taxation pollueur-paieur", tonne François Vuille. Le mazout est taxé (alors que près de 60% de la population est locataire et ne peut donc pas choisir son type de chauffage), mais l'essence et le diesel échappent à toute fiscalité écologique (alors que le conducteur peut choisir sa voiture). Le parc automobile suisse est parmi les plus polluants d'Europe, rappelle le directeur.
Une taxe incitative
Le projet de fiscalité écologique qui doit être mis en consultation ces prochains jours ne devrait pas être démesuré. Néanmoins, en raison de la claque infligée aux Vert'Libéraux, la Confédération va devoir faire un bel effort de communication pour vendre son paquet.
Pour que les chambres acceptent notamment la taxe sur l'essence, celle-ci devra être incitative, selon François Vuille.
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"Une opportunité économique"
Enfin, la transition énergétique constitue "une opportunité économique", assure le spécialiste. Elle s'appuiera essentiellement sur des technologies importées (pour lesquelles le franc fort jouera en faveur de la Suisse).
En outre, il manque actuellement 30'000 spécialistes du marché énergétique en Suisse. Et ce chiffre augmentera dans le futur.
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La fiscalité énergétique actuelle
- taxe sur le CO2 (mazout, gaz naturel),
- taxe sur chaque kilowattheure utilisé (sert au fonds de la RPC (rétribution à prix coûtant), qui subventionne le développement de l'électricité d'origine renouvelable),
- défiscalisation des investissements dans la rénovation des bâtiments.