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Les chiffres des accidents de la route vont être corrigés

Les routes sont-elles devenues plus sûres ou moins sûres en Suisse? [Keystone - Laurent Gilliéron]
Les chiffres des accidents de la route vont être corrigés / Le Journal du matin / 4 min. / le 2 avril 2015
La manière de décompter les blessés graves et légers n’était pas assez objective. Les polices cantonales et l’Office fédéral des routes se sont mis d’accord sur une nouvelle méthode, a appris la RTS jeudi.

"Le décompte des blessés graves a été exagéré depuis des années", affirme Jean-Marie Bornet, porte-parole de la police cantonale valaisanne.

Jusqu’ici, il suffisait d’avoir été immobilisé pendant 24 heures - pour un pouce foulé ou un simple contrôle à l’hôpital, par exemple - pour être classé dans les blessés graves. Cette classification a été abolie par une directive fédérale entrée en vigueur au début de cette année. Désormais, il y aura trois catégories : légèrement blessé, sérieusement blessé et blessé en danger de mort.

Plusieurs correctifs à l'étude

D’autres correctifs sont à l’étude. Un groupe de travail des polices cantonales romandes doit rendre cette année encore un rapport pour unifier la manière de décompter et de présenter les accidents de la route. Il s’agit notamment d’exclure de la statistique les cas avec dégâts matériel, peu représentatifs, et ne retenir plus que les accidents avec dégâts corporels.

L’influence de l’alcool est aussi discutée. Pratiquement chaque policier a sa manière d’évaluer si l’excès de boisson est le premier responsable ou non d’un accident.

Chiffres cantonaux plus mitigés

Ces correctifs déploieront leurs effets dès l’année prochaine. Pour l’heure, les polices cantonales finissent de publier et commenter leurs résultats 2014. L’Office fédéral des routes a toutefois déjà publié une synthèse nationale la semaine dernière. La baisse du nombre de morts (-26) et de blessés graves (-86) a été mise en avant. Mais la revue de détails des chiffres révèlent un bilan moins rose, surtout pour les cantons romands.

Seul Vaud peut vraiment se réjouir: tous ses chiffres sont positifs et le canton affiche une baisse record de 16 tués de moins en 2014. Idem mais dans une moindre mesure pour Fribourg et Berne, avec un recul des cas mortels mais une légère augmentation des blessés graves.

Tous les autres cantons romands, en revanche, font face au statu quo ou à une augmentation des victimes. Les résultats sont aussi assez contrastés du côté alémanique.

Une hausse globale de 2%

A l'échelon national, si l’on prend en compte le chiffre global des accidents qui ont causé des dommages corporels, même légers, on constate en fait une augmentation de plus de 2%.

En résumé, il y a eu en réalité plus d’accidents en 2014 qu’en 2013, mais ils ont été moins graves. Cette augmentation globale de 2% figure dans l'un des tableaux détaillés publiés par l’Office fédéral des routes (OFROU), mais elle a été occultée dans la communication officielle.

"Il faut se rendre compte qu'une comparaison d'une année à l'autre à ce niveau-là n'est pas très justifiable, il faut vraiment voire la chose à moyen et à long terme", explique le porte-parole de l'office Guido Bielmann.

Les statistiques de la route devraient donc se lire sur la durée, en dépit des chiffres publiés et commentés annuellement.

Ludovic Rocchi/oang

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Un "effet Via Sicura"?

Pour le Bureau suisse de prévention des accidents (BPA), les chiffres 2014 prouvent que le tour de vis de Via Sicura "porte ses fruits", une analyse qui ne fait pas l'unanimité.

"Ce n'est pas une contradiction dans les termes, on peut observer une amélioration des chiffres concernant les décès et les blessés graves, et en même temps - de temps en temps, effectivement - avoir une fluctuation au niveau des dommages corporels dans leur ensemble avec une légère augmentation des blessés légers", se défend la porte-parole du BPA, Magali Dubois.