Le Service de transfusion sanguine de la Croix-Rouge suisse interdit depuis 1977 le don du sang aux hommes ayant eu des rapports sexuels avec d'autres hommes - désignés par l'acronyme HSH.
Si la mesure d'exclusion fait actuellement l'objet de débats, des hommes gays ont choisi de braver délibérément l'interdiction en mentant lors du questionnaire préalable, afin de contribuer à sauver des vies.
"Mon sang est sain"
Rencontré pour le 19h30 de la RTS, l'un d'eux affirme: "La société a besoin de sang, (...) c’est un acte généreux que de donner son sang. Je ne le fais pas pour la cause gay, mais parce que l'on a besoin de sang, que mon sang est sain et que j'ai envie de le donner."
D'autres soulignent le caractère stigmatisant de cette interdiction: "C'est la vie qu'on mène, les risques qu'on prend, qui définissent si on peut donner ou non son sang. Ce n'est pas notre orientation sexuelle", affirme un deuxième témoin.
Pas de sanction
Un donneur gay n'encourt aucune sanction juridique, juste le risque d'être exclu du don du sang.
A noter qu'aucune contamination du VIH par transfusion sanguine n'a été enregistré ces 15 dernières années en Suisse. Le dernier cas provenait d'un donneur hétérosexuel.
Situation en Europe
En Europe, l'Italie, l'Espagne, le Portugal et la Pologne ont ouvert le don du sang aux homosexuels. La France pourrait leur emboîter le pas, après le recours d'un donneur gay auprès de la Cour de justice de l'Union européenne en 2014. Cette dernière a en effet estimé qu'"une relation sexuelle entre deux hommes n’est pas, en soi et à elle seule, constitutive d’un comportement qui justifierait l’exclusion permanente du don de sang".
Les Etats-Unis devraient également changer leur réglementation dans ce sens.
La carte mondiale du don du sang homosexuel:
Julien Guillaume/kkub
Swissmedic opposé à tout assouplissement
Les organismes responsable de la transfusion sanguine s'opposent toutefois à toute levée d'interdiction.
"Ce n’est pas de la discrimination mais de la précaution. Le risque de l’infection du sida est 16 fois plus élevé dans la population homosexuelle", selon Amira Sarraj, médecin membre de l'Association suisse de médecine transfusionnelle.
Une précaution soutenue également par Swissmedic, qui déconseille aux services de transfusion sanguine d'assouplir les critères d'exclusion. "Si, sur 1000 personnes en Suisse, 3 sont infectées par le VIH, cette proportion atteint 100 sur 1000 chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Les relations sexuelles entre hommes doivent donc toujours être considérées comme un comportement à risque de transmission par le sang de maladies infectieuses."
Les autres profils écartés du don du sang
Les hommes gays ne sont pas les seuls exclus par les critères du don du sang.
Les personnes ayant des rapports sexuels avec un ou une partenaire connu(e) depuis moins de six mois, des rapports sexuels rémunérés ou des rapports à risque sont également écartés, tout comme les individus ayant consommé de la drogue.