La question a fait couler beaucoup d’encre en février dernier, quand le Conseil fédéral a annoncé l'achat de ce système de drones de reconnaissance pour 250 millions de francs à l'entreprise israélienne Elbit System. Dans la foulée, 28'000 signatures ont été déposées par l'ONG BDS à la Chancellerie fédérale. L'organisation pro-palestinienne reproche à Elbit d'avoir testé ces appareils sur des civils, notamment à Gaza.
Le ministre de la Défense Ueli Maure rejette les critiques. Ce sont des drones d'observation. Certes ils peuvent être armés, mais la Suisse ne le prévoit pas. Et le choix s'est porté sur ces appareils israéliens parce que leur rapport qualité-prix était le meilleur.
Tentative avortée de Carlo Sommaruga
Mais cet argument n'a pas calmé la gauche, à commencer par le socialiste genevois Carlo Sommaruga. C'est lui, en tant que président de la commission de politique extérieure du Conseil national, qui a mis mardi cette question sur la table. Cela aurait d'ailleurs été la toute première fois que cette commission discute d'un programme d'armement. Le Genevois a même convié le chef de l'armée André Blattmann pour que l'armée puisse défendre son point de vue.
Carlo Sommaruga souhaitait que la dimension politique de cet achat soit mise en avant; qu'on rappelle qu'Israël est un pays en situation de conflit armé avec ses voisins. En résumé: étudier si le processus était bien conforme avec les conventions de Genève et la neutralité. Mais les parlementaires de la commission ont refusé d'en débattre: pas question de politiser ce dossier.
La Suisse n'a pas le droit de vendre d'armes à Israël
Carlo Sommaruga a-t-il instrumentalisé la commission? La plupart des élus consultés ont répondu non, y compris à l'UDC et au PLR. Seuls quelques adversaires politiques lui en font le reproche. Les autres argumentent sur le fond: ces appareils sont des outils d'observation: Israël est un pays partenaire de la Suisse et y acheter des drones ne mérite pas d'être discuté.
Le Genevois, lui, réplique là ou ça fait mal: la Suisse n'a pas le droit de vendre des armes à Israël parce que le pays est en conflit avec ses voisins. Du coup, il serait légitime de pouvoir au moins débattre d'un achat de matériel militaire à Israël.
Le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA), l'ONG BDS et la gauche promettent de maintenir la pression sur le Parlement. Le débat y sera vif en juin. Dorénavant - au même titre que l'exportation de matériel militaire - l'importation d'armes étrangères risque de se retrouver au centre du viseur.
Christian Favre