Un peu plus d'une semaine après la révélation par la RTS du durcissement de la position européenne envers la Suisse, René Schwok estime qu'il sera désormais très difficile de remettre en cause les principes édictés par Bruxelles, qui excluent tout accord, même sur un plan technique, avant le règlement de la question de la libre circulation.
La "priorité des priorités"
Le Conseil fédéral et la plupart des Suisses "se sont persuadés qu'on allait trouver des solutions, comme avec Erasmus, mais visiblement, la réalité revient rapidement", relève le professeur genevois. Toutefois, "je ne suis pas encore sûr que l'immense majorité des Suisses ait compris l'ampleur du problème", ajoute-t-il.
L'Europe est "la priorité des priorités" pour le pays, estime René Schwok. C'est pourquoi il regrette l'absence de débat sur cette question à six mois des élections fédérales, d'autant plus que le prochain Parlement devra adopter la loi d'application de l'initiative du 9 février. Selon lui, "c'est très important de savoir si l'on va voter pour un parti qui va adopter un projet de loi plutôt UDC-compatible ou plutôt UE-compatible".
Stratégie de négociation "illusoire"
Relayant une critique de l'ancien ambassadeur François Nordmann (à écouter ci-dessous), René Schwok dénonce la stratégie de la Suisse à Bruxelles, portée par trois secrétaires d'Etat pour les trois dossiers principaux. "Cette négociation à trois têtes est totalement illusoire", selon lui. "Il faut mettre en place une task-force ou mandater un secrétaire d'Etat ou un conseiller fédéral pour ces négociations", estime-t-il.
Pour le professeur, les discussions doivent être menées autant avec la Commission européenne que de manière bilatérale avec les Etats membres, notamment la France et l'Allemagne, plus influentes à Bruxelles et plus enclines à comprendre les enjeux que l'actuelle présidence lettone de l'UE. "Jouer parfois les Etats contre la Commission, c'est la bonne guerre".
dk