Il y a dix ans, le Contrôle fédéral des finances publiait à peine cinq rapports par année. En 2015, il en publiera cinquante. Cette marche forcée vers la transparence dérange au sein de l'administration fédérale où certains reprochent au directeur un manque de devoir de réserve.
Personne ne conteste la nécessité d'un contrôle de la part d'un œil indépendant. Mais certains reprochent au Genevois, en poste depuis un peu plus d'une année, de vouloir faire de la politique. C'est le cas notamment l'UDC Guy Parmelin. "Il me semble qu'il sort de son rôle et empiète finalement sur la fonction du politique, ça risque à terme de décrédibiliser l'institution", dit-il.
"Nous ne voulons pas nous faire instrumentaliser"
"Cette présence médiatique du Contrôle fédéral des finances est voulue et c'est une conséquence directe de la Loi sur la transparence", explique Michel Huissoud.
Le directeur du CDF rappelle que le Conseil fédéral lui-même a refusé une demande de la Délégation des finances d'exclure le contrôle des finances du champ d'application de cette loi. "Donc finalement, en 2014 on a pris la décision, avec la nouvelle direction, d'être conséquents, c'est-à-dire de ne pas se laisser instrumentaliser par des gens qui font des demandes, mais proactivement de publier nous-mêmes nos rapports", poursuit-il.
Une trop grande visibilité médiatique?
Quoi qu'il en soit, Guy Parmelin et le conseiller national libéral-radical Fathi Derder vont demander que le devoir de réserve du Contrôle fédéral des finances soit renforcé. "On a le sentiment que la priorité du Contrôle fédéral des finances est d'être présent médiatiquement avant même d'avoir nécessairement des conclusions essentielles à amener."
Les critiques sont également vives au sein de l'administration fédérale. Selon certaines sources, Michel Huissoud aurait dû s'excuser auprès de certains conseillers fédéraux pour avoir trop vite parlé dans les médias.
Autonomie saluée à gauche
Le président du Parti socialiste Christian Levrat salue, lui, l'autonomie du directeur du Contrôle fédéral des finances. "Vous trouverez toujours dans l'administration des gens qui pensent que les choses doivent rester cachées, moi je trouve plutôt raisonnable que la personne chargée de surveiller l'administration en notre nom, au nom du peuple, s'exprime aussi, c'est son rôle."
Ludovic Rocchi/lgr